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Les déclarations du Premier ministre sortant, Najib Mikati, lors de sa récente visite en Irak, selon lesquelles les carburants irakiens seraient de nouveau livrés sans difficulté aux centrales électriques du Liban, ne reflètent pas la réalité actuelle du secteur de l’électricité. Les centrales de Deir Ammar et de Zahrani ont cessé de fonctionner, révélant ainsi le mécontentement persistant des Irakiens envers les autorités libanaises pour ne pas avoir transféré les fonds dus, après la prolongation du contrat d’achat et d’échange de pétrole irakien, qui dépassent les 200 millions de dollars. De plus, la plateforme confiée à l’Autorité de développement des investissements au Liban (IDAL) pour fournir à l’Irak des marchandises et services libanais en échange de carburant n’a toujours pas été mise en place.

Cette réalité est à l’origine de la dernière crise en cours, car toutes les solutions proposées pour éviter une panne totale, touchant notamment les infrastructures vitales comme l’aéroport et les pompes à eau, ont été rejetées en Conseil des ministres. Parmi ces solutions figurait l’importation d’une cargaison de 30.000 tonnes de carburant via le marché du spot cargo, à travers un appel d’offres lancé en juin dernier. Ironiquement, M. Mikati, qui avait été le principal opposant à cette démarche en raison de soupçons de corruption, est revenu à la charge pour la soutenir, réussissant à imposer son point de vue au sein du conseil d’administration d’Électricité du Liban (EDL).

Le président du conseil d’EDL, Kamal Hayek, avait cependant sollicité de M. Mikati une note administrative pour approuver l’importation de cette cargaison, jugeant que les déclarations faites en Conseil des ministres, notamment celles du Premier ministre concernant le rejet de cet appel d’offres, étaient claires et bien documentées. Par conséquent, Électricité du Liban ne pouvait pas déroger à ces déclarations sans une validation formelle, d’autant plus qu’elle devait régler le coût de la cargaison en dollars de ses propres réserves.

EDL avait, à plusieurs reprises, alerté par maints courriers les personnes concernées au sein de la présidence du Conseil et du ministère de l’Énergie sur le risque d’arrêt des centrales si l’approvisionnement en carburant n’était pas assuré.

Selon les informations disponibles, les responsables ont pris connaissance de la situation juste avant le départ en vacances de Kamal Hayek, dont le congé avait été accordé selon les procédures et signalé au Premier ministre sortant.

Hayek avait confié la gestion de ses fonctions à Ibrahim Moussa pendant son absence. Le Conseil d’administration aurait pu se réunir à la suite de la convocation du plus âgé de ses membres, Samer Slim. Cependant, les tensions politiques au sein du Conseil ont entravé cette réunion. Karim Saba, membre proche du Courant patriotique libre (CPL), aurait bloqué l’assemblée, certains affirmant que son refus de participer était lié au fait qu’il n’avait pas été convoqué.

La mise en examen de Kamal Hayek a non seulement compliqué le dossier de l’électricité, mais elle a également intensifié les échanges de blâmes entre les acteurs politiques. La responsabilité principale de la défaillance de ce secteur est attribuée au CPL, qui détient le monopole du ministère de l’Énergie.

Il semble que le conflit autour du ministère de l’Énergie et du secteur électrique soit appelé à s’aggraver. L’augmentation des tarifs et des recettes a déjà généré plus de 100 millions de dollars pour Électricité du Liban jusqu’à présent. Ces montants devraient augmenter considérablement avec l’extension des heures de fourniture, ce qui a suscité l’appétit de certains acteurs politiques désireux de s’approprier ces fonds à des fins personnelles et politiques.

Dans ce contexte, certaines parties cherchent à exploiter l’initiative algérienne qui a fourni du carburant au Liban pour le compte d’EDL. Elles font pression pour qu’Électricité du Liban retire sa plainte contre la société Sonatrach concernant le fuel défectueux afin de rétablir le contrat d’achat de carburant avec l’Algérie. Leur objectif est également d’assurer que des entreprises privilégiées remportent ce contrat, bénéficiant ainsi des recettes en dollars frais d’Électricité du Liban. Il est possible que ces bénéficiaires soient les mêmes qui profitent actuellement de l’absence d’électricité en favorisant les générateurs de quartier et le mazout, dont le coût annuel dépasse les deux milliards de dollars.

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