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Élias Khoury, écrivain, essayiste et chroniqueur libanais, vient de quitter ce monde à 76 ans.

Déroutant. Voilà le terme qui pourrait décrire le parcours de ce personnage.

Né le 12 juillet 1948 à Achrafieh, dans une famille chrétienne grecque-orthodoxe, il devient à la fois un fervent militant pour la cause palestinienne et un souverainiste libanais.

À l’âge de 20 ans, il rejoint le Fateh, branche armée de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la suite d’une visite des camps palestiniens en Jordanie, qui l’a profondément marqué. Après les massacres de Septembre noir, à Amman, il part poursuivre ses études à Paris.

À son retour au Liban, il dirige, aux côtés du poète palestinien Mahmoud Darwich, la revue Les questions Palestiniennes (1975-1979).

En 1975, il prend activement part à la guerre civile libanaise. Il est alors gravement blessé et perd temporairement la vue.

Un parcours politique et littéraire

Élias Khoury a mené un combat pour les libertés et la démocratie dans la région et une lutte acharnée contre les régimes d’oppression.

Il a manifesté un engagement parallèle, tant dans le domaine de la politique libanaise que de l’écriture.   

De 1983 à 1990, il a été directeur éditorial de la section culturelle du journal Al-Safir et rédacteur en chef d’Al-Moulhaq, supplément culturel du quotidien An-Nahar après que le journal a été réédité à l’issue de la guerre civile libanaise.

Durant les années d’après-guerre, il a aussi été directeur artistique du Théâtre de Beyrouth.

Avec Samir Kassir et d’autres intellectuels et militants politiques, il s’est impliqué dans la création du Mouvement de la gauche démocratique.

En 2022, il a été nommé docteur honoris causa de l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

Auteur d’une dizaine de romans, son œuvre littéraire revêt une dimension politique et historique, miroir de son engagement social.

Ses œuvres retracent le chaos de la guerre, abordant les thèmes des réfugiés, de l’exode palestinien de 1948 et de la guerre civile au Liban.

La Petite montagne (1977) est son premier roman.

La Porte du soleil  (Bab Al Shams) (1998) a obtenu le plus grand prix littéraire palestinien et été traduit dans plusieurs langues, dont l’hébreu. Il a été adapté à l’écran par Yousry Nasrallah en 2004.

L’Étoile de la mer, paru en octobre 2023, est son dernier roman. 

Il est également dramaturge, ayant rédigé trois pièces.

Par ailleurs, il a écrit le scénario de l’un des meilleurs films du cinéaste Maroun Baghdadi, prix du jury du Festival de Cannes 1991, Hors la vie (Kharej Al-Hayat).

Un message fort à la suite d’un long combat avec la maladie

Dans un texte poignant, le dernier qu’Élias Khoury a écrit, il partage l’essence de son expérience avec la souffrance.

"Rappelez-vous que la douleur peut surgir sans crier gare, s’emparer de notre corps et de notre esprit, et s’installer parmi nous."

Tel est son dernier message.

Une douleur qui "ne peut s’écrire" l’a habité pendant un peu plus d’une année. Selon lui, la douleur force l’homme non plus à "chercher" un sens à la vie, mais à le "créer".

Il s’emploie alors à une manœuvre qu’il appelle "jeu de la douleur", consistant à commencer à écrire pour "ressentir la paix de l’âme". En revanche, cette paix se mêle aussitôt à une "douleur brutale" qui le force à s’arrêter.

Ce jeu l’"a épuisé", mais il a gardé "espoir et courage envers et contre tout".

"Comment pourrait-on perdre espoir lorsqu’on est entouré d’amis fidèles et de proches, lorsqu’on vit un amour sans égal et qu’une équipe de médecins dévoués consacre son temps à vous sauver?" poursuit-il.

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