Baptisée par les Israéliens «Flèches du Nord» (Northern Arrows), l’opération militaire aérienne du 23 septembre contre le Liban s’avère être la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile.
En une seule journée, le bilan des raids israéliens s’est élevé à 558 morts, dont 35 enfants et 58 femmes, et 1.835 blessés, selon le dernier rapport du ministère de la Santé, issu mardi.
Pour sa part, l’armée israélienne a déclaré avoir frappé, jusque tard dans la soirée de lundi, 1.600 cibles du Hezbollah, dans le sud du Liban et dans la plaine de la Békaa.
Jusque-là limitées au Sud et à la Békaa, avec des attaques occasionnelles sur la banlieue sud de Beyrouth, les frappes israéliennes se sont étendues lundi à de nouvelles régions libanaises.
Des roquettes israéliennes sont ainsi tombées dans des régions montagneuses des cazas du Kesrouan (Qartaba, Mayrouba) et de Jbeil (Ehmej, Laqlouq). Comme ces secteurs sont inhabités, aucun blessé n’a été signalé.
Le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a décrit cette journée comme «la plus meurtrière depuis le début du conflit». Il a indiqué que 27 hôpitaux à travers le pays ont reçu un nombre massif de patients, dépassant leur capacité d’accueil.
Au niveau international, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit «très sérieusement inquiet» à cause du nombre de victimes civiles au Liban, selon son porte-parole.
«Nous sommes au bord d’une guerre totale», a, de son côté, déploré le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell.
Qu’est-ce qui rend les offensives israéliennes du 23 septembre aussi alarmantes? Quelle est leur ampleur par rapport à des opérations passées?
Une ampleur sans précédent
Le conflit armé avec Israël le plus proche dans le temps est celui de la guerre des 33 jours, qui a opposé le Hezbollah à l’armée de l’État hébreu, du 12 juillet au 14 août 2006.
À la suite d’un incident frontalier provoqué par le Hezbollah, qui avait enlevé deux soldats israéliens, Israël avait lancé une offensive contre le Liban, détruisant de nombreuses infrastructures du pays. Routes, ponts, aéroport, ports, usines, dépôts de carburant furent bombardés.
Cependant, le nombre des victimes des attaques israéliennes du 23 septembre 2024 représente, pour cette seule journée, près de la moitié de celui des tués, en 33 jours, en 2006.
Un autre fait marquant nous ramène en 1996, lors de l’opération militaire israélienne baptisée Raisins de la colère. Israël avait alors mené 1.100 raids en 16 jours, soit autant que les frappes effectuées le 23 septembre.
Cette opération avait été ponctuée par le massacre de Cana, le 18 avril 1996, considéré dans les cercles militaires comme le tir d'artillerie le plus marquant du XXe siècle. Des bombardements d’artillerie israélienne avaient ce jour-là visé un complexe de l'ONU à Cana, un village du caza de Tyr, où s'étaient réfugiées environ 800 personnes. Ce jour-là, 106 personnes avaient été tuées. Multipliez ce chiffre par cinq, et vous obtiendrez le nombre de morts dans les frappes du 23 septembre.
Le général Dan Haloutz, alors chef d’état-major d’Israël, avait, en 2006, promis de «ramener le Liban cinquante ans en arrière».
Après la journée du 23 septembre, on peut se demander quelle serait la menace équivalente en 2024.
Lire aussi
Commentaires