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Partir ou rester? Une question profondément ancrée dans l’esprit des Libanais.

Après une série de frappes israéliennes meurtrières la semaine dernière – qui ont ciblé plusieurs régions libanaises, causant plus de 500 morts, des milliers de blessés et des dizaines de milliers de personnes déplacées –, la réponse pour la majorité est devenue claire: quitter le Liban tant qu’il en est encore temps, si possible.

Cependant, partir n’est pas facile. Mardi, plus de 30 compagnies aériennes ont annulé leurs vols vers le Liban, laissant la compagnie nationale, Middle East Airlines (MEA), comme seule option pour ceux qui essaient de fuir.

Mireille, libanaise, et son mari Frank, français, ont dû réserver un vol MEA après l’annulation de leur vol initial avec une compagnie aérienne française.

"Nous sommes arrivés au Liban, de France, le 7 septembre et devions repartir le 29 avec Transavia, mais notre vol a été annulé", a expliqué Mireille. "On nous a proposé trois options: reporter, conserver le billet pour une utilisation future ou obtenir un remboursement. Cependant, reporter aurait retardé notre départ jusqu’au 10 octobre."

Heureusement, a-t-elle dit, son mari a pu réserver un siège sur un vol prévu pour le 2 octobre, mais, en attendant, l’incertitude plane.

"Nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir partir", a ajouté Mireille. "Nous voulons partir le plus vite possible. Nous avons peur de rester coincés ici."

Pour Frank, quitter le Liban concerne également son emploi. "Je dois reprendre mon travail en France, donc je dois partir", a-t-il souligné.

Les frais de voyage sont un autre défi pour les voyageurs cherchant à partir le plus rapidement possible. "Seuls des billets en classe affaires étaient disponibles, et tous les vols directs vers la France étaient complets. Je ne pouvais pas me permettre un billet en classe affaires à 2.000 $ via Le Caire, mais j’ai trouvé un vol à 535 $ via Athènes. C’est cher, mais au moins, je suis rassuré maintenant."

Le remboursement de Frank par Transavia ne couvrira que la moitié des coûts supplémentaires qu’il a dû engager pour rentrer chez lui. "Ce n’est pas grand-chose, mais nous n’avons pas le choix. Soit je reste au Liban et cours le risque d’être licencié, soit je paie davantage pour partir."

La surcharge, un défi majeur pour la MEA

La MEA fait face chaque jour à des centaines de cas similaires. Un employé a déclaré à Ici Beyrouth que la compagnie aérienne fait de son mieux pour aider les voyageurs, toutefois la situation est accablante.

"Nous avons ajouté des vols supplémentaires vers Riyad, Larnaca, Istanbul et Doha – environ 4 ou 5 par jour– pour accueillir les passagers bloqués par d’autres compagnies aériennes", a déclaré l’employé, qui a souhaité rester anonyme.

"À peine avons-nous foulé le sol libanais que nous devions repartir. Les avions restent deux heures sur la piste avant de décoller de nouveau."

Priorité aux passagers de la MEA

Selon l’employé, la priorité est donnée aux passagers de la MEA, et des vols supplémentaires sont ajoutés pour répondre à la demande des passagers lâchés par d’autres compagnies aériennes.

L’administration de la MEA continue d’opérer pendant les heures normales, mais les équipages de bord ont dû accumuler des heures supplémentaires pour suivre le rythme. Bien que rémunérés pour les heures supplémentaires, la pression a été immense.

L’aéroport international de Beyrouth exceptionnellement calme

Malgré l’augmentation du nombre de passagers essayant de partir, des vidéos sur les réseaux sociaux montrent un aéroport exceptionnellement vide. La MEA attribue ce fait à ses horaires de vol.

"La plupart des vols partent le matin ou en début d’après-midi", a expliqué l’employé. "Après minuit, il n’y a pas de passagers."

En raison de la situation sécuritaire, la MEA a retardé ses vols le mois dernier. Les vols prévus à 4 ou 5 heures du matin ont été reportés à 8 heures par mesure de sécurité.

"Nous annulerons ou retarderons les vols si la sécurité est en jeu", a déclaré l’employé.

La MEA opère actuellement 16 avions, les autres appareils étant stationnés hors du Liban. Ses vols les plus longs durent environ cinq heures, avec des destinations telles qu’Abidjan, Lagos et Accra. Les passagers pour des destinations plus lointaines comme les États-Unis ou le Canada doivent prendre des correspondances.

Malgré les défis, les citoyens libanais sont fiers de leur compagnie aérienne nationale qui continue d’opérer, contre toute attente et malgré tous les défis.

Cependant, la question demeure: combien de temps la MEA pourra-t-elle maintenir ses vols additionels si les compagnies aériennes étrangères prolongent la suspension de leurs vols vers Beyrouth?

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