La campagne électorale du prochain scrutin législatif démarre sur les chapeaux des roues. Dans le camp dit souverainiste, en dépit de la multiplicité des listes, tout le monde s’accorde pour dire: "voter utile". Comment faire?

Les dés sont donc jetés. Sauf imprévu, de hasard ou intentionnel, les jeux semblent faits. Une pléthore de listes s’affronteront conformément à une loi électorale inique et scélérate à la fois. Si les partis traditionnels, la plupart communautaires, demeurent bien organisés, il est triste de constater combien ce qu’on appelle "société civile" a été incapable d’unifier ses rangs afin de réaliser l’ambition qui est la sienne depuis le soulèvement du 17 octobre 2019: renverser l’ordre établi et relever l’État de droit en vue de sortir le Liban de sa geôle et le remettre au milieu du concert des nations. Force est de constater que ladite "société civile" demeure, dans une large mesure, prisonnière des petits ego narcissiques des groupes WhatsApp qui la composent et dont l’incessant bavardage, ainsi que la multiplicité des "Zoom meetings" semblent parfois résumer leur action révolutionnaire. Il est clair que, face au rouleau compresseur du camp pro-iranien mené par la milice Hezbollah, l’opposition souverainiste et démocratique donne d’elle-même une image inopportune de morcellement. L’organisation d’un Iftar par Hassan Nasrallah, auquel furent convoqués Gebran Bassil et Sleiman Frangié, montre bien qui est le maître du Liban et combien le véritable enjeu du scrutin législatif réside dans les élections présidentielles. Les deux candidats maronites à la magistrature suprême de l’État ont répondu présents à l’invitation du secrétaire général du parti de Dieu, faisant ainsi serment de loyale dhimmitude à l’égard du régime iranien des Mollahs de Téhéran.

Le désordre, ainsi constaté, résulte de la loi électorale qui pervertit le scrutin de liste, à la proportionnelle et au plus fort reste avec vote préférentiel. Ce n’est en réalité qu’un simulacre bâtard d’un scrutin faussement majoritaire uninominal. Dans une même circonscription, l’électeur doit se prononcer pour une liste fermée de candidats de plusieurs des divisions administratives (cazas) qui la composent. Quant au vote préférentiel, l’électeur est obligé de choisir, au sein d’une même liste, le candidat du seul caza de sa résidence qui concourt pour un siège de telle ou telle communauté.

Tout le monde déclare qu’il souhaite "voter utile". Dont acte. Qu’est-ce que cela signifie? On vous répond: abattre la clique au pouvoir qui a vendu l’État à l’étranger, qui a pillé le trésor public ainsi que les dépôts privés, qui a précipité le pays dans l’obscurité et la disette. Au milieu de la campagne électorale, résonnent les voix puissantes des ténors des féodalités politiques traditionnelles.

Nombreux sont ceux qui semblent découragés et qui pourraient être tentés par l’abstention. Surtout pas. Il faut participer. Il faut voter. Il faut oublier les affiliations traditionnelles et choisir celle ou celui qui semble le plus méritant(e) ou le plus déterminé(e) à affronter la mainmise du Hezbollah sur le Liban qui bénéficie d’une légitimité chrétienne le libérant de son carcan sectaire, le dotant ainsi d’une dimension nationale.

Comment choisir? Il n’y a pas de recette. Chaque cas est particulier. Afin de pouvoir remplir son devoir et voter utile, le citoyen se laissera imprégner par l’esprit du discours de Périclès aux Athéniens afin d’agir, en lui-même, dans l’intérêt de tous:

  • "Un homme qui ne s’occupe pas de politique n’est pas un citoyen paisible mais un citoyen inutile […] Loin d’imiter les autres, nous donnons l’exemple à suivre."
  • "Notre régime est une démocratie […] nous sommes tous égaux devant la loi […] nous intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par le vote ou en présentant nos suggestions."

Votez utile. Oubliez les affiliations claniques ou sectaires, au nom de la recherche du bien commun. Mais surtout souvenez-vous qu’un scrutin législatif est une bataille dans laquelle il faut s’engager. Votre voix est une arme puissante dans ce combat, comme l’écrit le romancier américain Robert A. Heinlein (1907-1988): "Lorsque vous votez, vous exercez une autorité politique, vous utilisez la force. Et la force, mes amis, c’est la violence. L’autorité suprême dont dérivent toutes les autres autorités".

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