L’ancien Premier ministre irakien Iyad Allaoui est arrivé à Beyrouth mardi matin. Il a été reçu par le chef de l’État. Un analyste politique spécialiste de l’Irak a commenté pour Ici Beyrouth les derniers développements politiques irakiens.


Reçu par le président de la République Michel Aoun, l’ex-Premier ministre irakien Iyad Allaoui a appelé à " une conférence pour un dialogue national au Liban et à une rencontre pour l’avenir régional de la région ", selon le communiqué publié par Baabda. M. Allaoui a indiqué qu’il s’entretiendrait avec des responsables régionaux pour soutenir le Liban. En outre, M. Allaoui s’est exprimé sur la récente tentative d’assassinat du Premier ministre irakien : " La dégradation sécuritaire se poursuit en Irak. Si un avion est arrivé à voler au-dessus de Bagdad pour mener une cette attaque, cela veut dire que le gouvernement n’existe pas. Pour l’heure, nous attendons le rapport du Premier ministre pour identifier les auteurs de cet acte. ", a-t-il déclaré.

Depuis Londres, Iyad Allaoui a fondé en 1991 l’Entente nationale irakienne, un mouvement d’opposants irakiens en exil. Cet opposant de longue date au régime de Saddam Hussein est revenu en Irak après la chute de Saddam pour occuper le poste de Premier ministre de 2004 à 2005. Sa candidature est alors appuyée par les leaders sunnites du Golfe et par l’administration américaine. En concertation avec des formations laïques chiites, il forme la " liste irakienne " et termine troisième aux élections de l’Assemblée constituante de 2005. Ibrahim al-Jaafari lui succède la même année. Dans une interview accordée à France 24 fin 2020, Allaoui a estimé que l’actuel Premier ministre Moustafa al-Kazimi " n’y arriverait pas ". Il a également critiqué les ingérences iraniennes " qui affaiblissent l’ensemble de la région ".

Un retrait américain périlleux mais pour l’heure incertain

Selon des sources proches du Premier ministre sortant al-Kazimi, les milices du Hachd al-Chaabi se prépareraient à une confrontation historique avec les forces américaines, légalement sur le territoire depuis 2014. Cette escalade ne constituerait qu’une réponse tacite à l’appel du leader chiite Moqtada Sadr à remettre les armes des milices à l’État, pour que celui-ci restaure sa souveraineté sur l’ensemble du territoire.

Ce discours vise en même temps le gouvernement d’Union souhaité par Moqtada Sadr et le gouvernement sortant de Moustafa al-Kazimi, qui a personnellement rétabli les relations entre Bagdad et Washington, et établi un mécanisme de coopération entre les deux parties. Kazimi a annoncé que d’ici la fin de l’année, les troupes américaines se retireraient d’Irak et qu’il n’y aurait plus qu’un nombre restreints de conseillés américains.

Le narratif du Hachd al-Chaabi se focalise désormais sur cette future présence américaine à minima afin de justifier la poursuite de leurs actions de " résistance ". Des responsables ont fait savoir qu’ils ne comptaient pas déposer les armes, estimant que la réduction de la présence américaine n’était qu’un " mensonge ". Cette escalade vise aussi à exercer une pression maximale sur le gouvernement sortant en vue des élections à venir.

Interrogé sur les motifs de cette visite, un analyste politique spécialiste de l’Irak explique que M. Allaoui visite régulièrement la capitale libanaise et que cette visite ne revêt aucune motivation politique. L’Irak se trouve à un tournant majeur, avec en ligne de mire le départ de la présence américaine du pays. " Je pense que deux options sont sur la table. Si les Américains quittent Bagdad, tout ne risque pas de changer du jour au lendemain. Il faut rappeler que Bagdad n’est pas Kaboul, même si la prise de la capitale afghane en un temps record a laissé des traces ", explique l’analyste. Celui-ci ajoute que " la récente tentative d’assassinat du Premier ministre al-Kazimi témoigne de cette instabilité croissante " en Irak. Selon lui, " les Etats-Unis ne quitteront pas l’Irak dans les temps impartis. En gardant à l’esprit la situation afghane, les Américains ne laisseront pas l’armée irakienne démunie, surtout que le risque Daesh existe encore sur le terrain. Pour l’heure, nous ne savons pas s’ils répéteront la même erreur que l’administration Obama. L’éventualité d’un deal avec l’Iran reste incertaine. Rappelons que la majorité des chiites irakiens ne sont pas contre la présence américaine sur leur sol ", explique l’expert de la région interrogé par Ici Beyrouth.

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