Dans une rencontre virtuelle avec des expatriés du Liban, le leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a souligné que toutes les actions menées par le chef de l’État Michel Aoun et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil visent à lever les sanctions américaines dont fait l’objet Gebran Bassil.

Le leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a affirmé qu’il n’accordera pas sa voix "ni à Slemian Frangié ni à Gebran Bassil" à l’élection présidentielle d’octobre 2022. "La dernière fois (en 2016, avec l’élection de Michel Aoun à la tête de l’État, ndlr), nous avons été complaisants avec Saad Hariri, lui et nous en avons payé le prix", a-t-il ajouté lors d’une rencontre virtuelle avec des Libanais de la diaspora, retransmis par le site d’informations en ligne al-Anbaa.

"Tout ce que Gebran Bassil et Michel Aoun font a pour but de lever les sanctions contre Gebran Bassil", a-t-il poursuivi. En novembre 2020, le département du Trésor américain a imposé des sanctions contre le leader du Courant patriotique libre (CPL) pour corruption. "Dans le dossier de la délimitation des frontières maritimes, ils s’en tenaient à la ligne 29 (la frontière maritime la plus au sud du Liban et qui inclut dans la zone de souveraineté libanaise une partie d’un champ gazier israélien actuellement exploité) et aujourd’hui ils ont changé d’avis, a encore martelé M. Joumblatt. Ils feront tout pour plaire aux Américains et aux Israéliens."

En ce qui concerne le scrutin du 15 mai 2022, M. Joumblatt a affirmé que ces élections seront une confrontation entre "l’axe syro-iranien et ce qui reste d’une décision nationale indépendante à Moukhtara et ailleurs". Il a, dans ce cadre, souligné l’importance du vote des expatriés "pour empêcher certains partis, comme le Courant patriotique libre", d’obtenir un plus grand nombre de voix. "Gebran Bassil essaiera, via le ministère des Affaires étrangères, de rendre plus difficile les élections, a fait remarquer M. Joumblatt. Une équipe de travail, qui relève de lui, se rendra dans les pays de la diaspora pour contrôler des points de vote déterminants, comme les États-Unis, le Canada et l’Australie."

Concernant les armes du Hezbollah, M. Joumblatt a affirmé qu’il n’a "jamais arrêté de demander le désarmement" du parti. Mais, a-t-il estimé, "ces armes ne peuvent pas être retirées par la force, car cela est impossible et risque de nous mener vers une guerre civile".

Walid Joumblatt s’est par la suite félicité du retour des ambassadeurs d’Arabie saoudite et du Koweït au Liban au terme de longs mois d’absence suite au propos tenus par Georges Cordahi, alors ministre de l’Information, qui avait critiqué l’intervention militaire menée par le Royaume saoudien à la tête d’une coalition au Yémen, de même qu’il avait défendu les rebelles houthis pro-iraniens dans ce pays. Walid Joumblatt a par ailleurs espéré que l’initiative franco-saoudienne pour aider le Liban bénéficiera à certaines institutions.

Concernant la crise économique et financière, M. Joumblatt a souligné que "la crise se prolongera", mais tout dépendra aussi du "sérieux du travail du gouvernement pour approuver un protocole avec le Fonds monétaire international, puisque l’accord-cadre (signé le 7 avril) reste insuffisant s’il n’est pas approuvé par le Parlement ". Pour lui, cet accord constitue la "dernière chance" pour le Liban pour sortir de sa crise, notant qu’il est nécessaire de se pencher sur les dossiers de l’électricité, des communications et des banques.

Évoquant, enfin, le dossier de la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, M. Joumblatt a souligné qu’on a "mis en échec" le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête, "parce qu’il a voulu demander des comptes aux responsables et étendre la souveraineté de l’État à la frontière".