Le leader des Forces libanaises Samir Geagea a réitéré son appel à la mise en œuvre des résolutions onusiennes, lors d’un iftar à Meerab, en présence des ambassadeurs de neuf pays arabes, dont l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis.   

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a réitéré lors d’un iftar organisé vendredi soir à sa résidence à Meerab la nécessité de mettre en œuvre les résolutions onusiennes "décisives" pour le Liban, notamment les 1559, 1680 et 1701, et de consolider les relations amicales avec les pays du Golfe à l’heure où "l’hégémonie iranienne" pourrait encore se renforcer.

M. Geagea s’est exprimé en présence des ambassadeurs des pays arabes au Liban (Arabie Saoudite, Koweït, Tunisie, Algérie, Qatar, Émirats arabes unis, Jordanie, Yémen, Irak, Oman), de l’ambassadeur de la Ligue arabe, du premier conseiller de l’ambassadeur de Palestine, de députés et d’anciens députés, du représentant du mufti de la République et du président de l’ordre des avocats.

L’iftar du ramadan à Meerab vise à "rappeler à tous que le Liban est lié par les relations les plus étroites de fraternité et d’affection aux frères arabes, en particulier ceux du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui sont exposés à des attaques et des tentatives d’intimidation", a dit Samir Geagea. Il faut "leur reconnaître leurs remarquables positions de solidarité avec le Liban" et son peuple, a-t-il insisté. Le chef chrétien s’est dit également convaincu que les pays du Golfe et en particulier l’Arabie saoudite, poursuivront leurs efforts dans l’objectif de "faciliter la vie aux Libanais en ces jours difficiles". Il a exprimé l’espoir à cet égard "que les dirigeants du royaume wahhabite reconsidéreront leur décision d’interdire les exportations libanaises, en particulier agricoles et industrielles, compte tenu de la situation économique et financière difficile" du Liban.

Deux projets en confrontation

Samir Geagea a surtout mis en garde contre les tentatives de renforcer "une hégémonie liée à un axe extérieur", en référence à l’influence de l’Iran qui "mine l’État libre et souverain", au détriment de la "dimension arabe intrinsèque au Liban-message". Pour lui, "ce qui nous unit" en tant que Libanais "est bien plus important que ce qui nous divise", puisqu’il existe un véritable partenariat islamo-chrétien. Aussi est-il crucial à ses yeux d’empêcher "une prise de contrôle complète de l’État et de ses institutions, en vue de faire du Liban une plateforme d’accusations contre les frères et amis arabes". Il faudrait aussi s’opposer à la transformation du pays "en une boîte aux lettres et une scène livrée aux projets de guerre et de haine sans fin, auxquels le peuple libanais est totalement étranger", a-t-il soutenu.

Pour le leader des FL, la confrontation est aujourd’hui d’une part entre le projet "d’être ensemble, libres et dignes, lutter et résister pour que le Liban reste d’abord un État, une vraie république forte, un pays de fraternité et d’égalité, de liberté et de droits de l’homme", et d’autre part le projet de "ne plus être, d’abandonner et de livrer le pays à ceux qui veulent l’assujettir et le transformer en province", en allusion au projet iranien du vilayet el-faqih.

Des élections à "portée existentielle"

Dénonçant les agissements du Hezbollah et de ses alliés, Samir Geagea a souligné que les Libanais sont "opprimés par une autorité corrompue qui favorise le mini-État au détriment de l’État et du citoyen", qui "protège un groupe qui sape la souveraineté nationale, se renforce avec des armes, provoque des catastrophes et des tragédies, et refuse de se soumettre à la justice et de révéler la vérité", dans une critique ouverte de l’impunité qui règne autour de la double explosion au port de Beyrouth.

Pour le chef des Forces libanaises, "les élections à venir ne sont pas qu’une échéance charnière, mais elles ont une portée existentielle". Certains cherchent en effet à "couronner leur politique abolitionniste, unilatérale et dépendante de l’étranger par une ultime étape". Cette ultime étape consisterait à "éliminer ce qui reste du Liban opposé à l’axe de la Moumanaa (…), lequel se donne le nom de résistance mais qui en réalité ne se préoccupe pas de l’intérêt du Liban ni de celui de son peuple". Et M. Geagea d’expliquer que l’axe de la moumanaa "met ses armes au service des régimes iranien et syrien" et cherche à "imposer son agenda par divers moyens illégitimes, tout en bénéficiant de la couverture d’un allié arriviste et corrompu, qui a pillé l’État et l’argent du peuple et mené le pays en enfer".

L’alliance de la corruption et du mini-État

Poursuivant sur sa lancée, Samir Geagea a dénoncé mais sans le nommer l’attitude du Hezbollah qui dirige et contrôle l’État sur la base d’une alliance "corruption-mini-État". Une alliance qui "applique à sa manière la constitution et la loi, détruit les piliers de l’État et exploite les rouages du pouvoir à des fins personnelles". Dernière preuve de ces agissements, les "mesures prises par le ministère des Affaires étrangères pour entraver le vote des expatriés libanais", a-t-il déclaré.

Cette classe politique "veut appauvrir le pays pour l’asservir, affamer les Libanais, les priver du minimum de vie décente afin de les humilier et de leur faire envier les miettes ramenées d’Iran".  Il a promis toutefois que ce scénario n’adviendra jamais.

"Nos principes constants sont de consolider la nation dans sa liberté et sa diversité, la dignité dans la vie, la prospérité et l’ouverture sur l’environnement arabe et sur la communauté internationale", a-t-il conclu.