La France et l’Arabie saoudite ont signé mardi soir à Beyrouth un accord-cadre pour l’établissement d’un Fonds d’aide commun à la population libanaise. Près de 30 millions d’euros vont être débloqués pour financer une série de projets humanitaires et de développement. " Cette aide ne se substitue pas aux réformes structurelles indispensables pour poser les fondations d’un modèle économique et financier sain et durable, adapté à la réalité du pays et qui doit s’accompagner d’un changement profond de la façon de faire les choses au Liban ", a insisté l’ambassadrice Anne Grillo à cette occasion.

La France a de nouveau pressé le Liban de réaliser sans attendre les réformes exigées par la communauté internationale, à l’occasion de la signature mardi de l’accord sur base duquel Paris et Riyad mettront en place un Fonds d’aide à la population libanaise.

" Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’Agence française de développement et le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (King Salman Humanitarian Aid and Relief Center) signeront ce mardi à 21h un accord destiné à soutenir les populations vulnérables du Liban ", a indiqué le Quai d’Orsay dans un communiqué diffusé par l’ambassade de France à Beyrouth.

La signature a eu lieu à 21h à l’hôtel Kempinski Summerland de Beyrouth, en présence des ambassadeurs de France Anne Grillo qui a signé le document au nom du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et d’Arabie saoudite, Walid Boukhari, aux côtés de représentants de l’AFD et du Centre humanitaire King Salman.

Le communiqué du Quai d’Orsay précise que " cet accord acte l’octroi d’un soutien financier de près de trente millions d’euros à une série de projets humanitaires et de développement ". Ces projets ne passeront cependant pas par les canaux étatiques, " mais à travers des ONG françaises et libanaises dont le travail est reconnu sur le terrain ", devait souligner plus tard Anne Grillo.

Paris et Riyad, comme le reste de la communauté internationale d’ailleurs, attendent du Liban qu’il lance un chantier de réformes structurelles sérieux, avant de soutenir ses efforts de redressement.

Le communiqué publié par le Quai d’Orsay rappelle d’ailleurs cet élément, repris par Mme Grillo, après la signature de l’accord-cadre. " La France se tient aux côtés des Libanaises et des Libanais. Elle continue de réaffirmer ses exigences et ses attentes -qui sont également celles de la population libanaise et de la communauté internationale- vis-à-vis des autorités libanaises : la mise en œuvre urgente des réformes indispensables pour sortir le Liban de la crise, la conclusion d’un accord plein et entier avec le FMI, et l’organisation d’élections législatives impartiales et transparentes à la date prévue du 15 mai 2022 ", précise le texte.

Dans son allocution, Anne Grillo a insisté à son tour sur le fait que l’assistance fournie aux Libanais n’est " en aucun cas une réponse à la crise structurelle que vit le pays et qu’elle ne se substitue pas aux réformes structurelles indispensables pour poser les fondations d’un modèle économique et financier sain et durable, adapté à la réalité du pays et qui doit s’accompagner d’un changement profond de la façon de faire les choses au Liban ". Elle a ensuite appelé les autorités libanaises à assumer leurs responsabilités.

La diplomate a en outre expliqué que l’accord porte sur la première phase du plan décidé avec l’Arabie saoudite pour " aider efficacement et sans délai le peuple libanais ". Ce soutien, a-t-elle ajouté, porte sur quatre secteurs: Les soins de santé primaires renforcés notamment dans les régions rurales, la distribution d’aides alimentaires à plus de 7000 foyers, la distribution de lait infantile et la prise en charge médicale d’enfants et le soutien à l’hôpital gouvernemental de Tripoli, le deuxième plus grand du Liban.

A son tour, l’ambassadeur Walid Boukhari a indiqué que son pays continuera de soutenir la stabilité et le développement du peuple libanais, " sans distinction aucune entre les différentes communautés religieuses ". Il a souligné que cette assistance sera fournie " en toute transparence " et que cette aide devra également toucher les secteurs de l’eau, de l’énergie et de la sécurité.

L’établissement du Fonds d’aide franco-saoudien a été décidé à l’initiative conformément aux orientations prises par le président de la République et le prince héritier saoudien, le 4 décembre dernier à Djeddah.  " Cet accord constitue une étape importante dans la mise en œuvre de l’engagement pris à Paris le 28 février par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères et son homologue saoudien pour que la France et l’Arabie saoudite apportent un soutien financier d’urgence à des projets à l’adresse des populations vulnérables du Liban ", précise le Quai d’Orsay.