Le député Antoine Habchi, candidat pour le siège maronite dans la circonscription de Baalbeck-Hermel (Békaa III) a tenu une conférence de presse mercredi pour dénoncer la violence subie par ses colistiers dans un bastion du Hezbollah.

Le député Antoine Habchi, candidat pour le siège maronite dans la circonscription de Baalbeck-Hermel (Békaa III) a tenu une conférence de presse mercredi au Club de la presse pour dénoncer des méthodes d’intimidation contre ses colistiers, dont il a imputé la responsabilité au Hezbollah.

Il a d’abord fait remarquer que la bataille électorale "s’est transformée dernièrement en round de violence et d’intimidation à la place de la liberté démocratique". Une violence qui prend pour cible la liste soutenue par les Forces libanaises, baptisée "la construction de l’État", et qui selon Habchi, citant l’un de ses collègues du Parlement et des commissions, est la seule des listes en lice à être perçue par le Hezbollah comme étant "à la solde des Américains".

Décrivant une "guerre d’élimination existentielle" à laquelle se livre le Hezbollah, précisément contre l’opposition chiite, Antoine Habchi s’est attardé sur l’agression mardi de Hussein Raad, "un universitaire détenteur d’un doctorat, et digne de fierté", alors qu’il présentait ses condoléances dans la husseiniyé de la famille Raad à Baalbeck pour le décès de la mère d’un responsable du Hezbollah.

"Est-ce ainsi que nous récompensons nos proches? En les rouant de coups?", s’est interrogé Antoine Habchi. "Le plus risible est que l’agresseur a porté plainte auprès des services de sécurité, qui ont convoqué l’agressé pour écouter son témoignage", a-t-il ajouté, pointant du doigt la "nouvelle stratégie du Hezbollah où l’agresseur devient l’agressé".

"Ils agissent comme si les habitants" de Baalbeck-Hermel "étaient des ignorants", a-t-il ajouté, en tournant implicitement en dérision les propos du député sortant et candidat du Hezbollah, Hussein Hajj Hassan, extraits d’une interview diffusée en ligne, où il revient sur sa formation de chimiste et se vante d’une manière incompréhensible d’avoir un brevet de "synthèses".

"Pots-de-vin versés par le Hezbollah"

Antoine Habchi a également évoqué le retrait "forcé" d’autres candidats chiites sur sa liste. Il a notamment expliqué que le retrait est un droit, et précisé que c’est le cheikh Abaas al-Jawhari, son principal colistier chiite, qui a mené les négociations avec les autres candidats. Mais "beaucoup d’entre eux se sont aussi entretenus avec moi en particulier et ont exprimé leur enthousiasme de prendre part au scrutin", a-t-il tenu à préciser, avant de déclarer que "la manière avec laquelle ils se sont retirés de la course et donné lecture des communiqués en évitant de regarder la caméra, révèle clairement les circonstances de leur démission".

Le candidat FL a ajouté que le Hezbollah verse des pots-de-vin d’une valeur allant d’un à deux millions de livres libanaises à ses opposants afin de les dissuader de se rendre aux urnes. Le député sortant de Baalbeck est également revenu sur les violations de 2018, en rappelant que l’un des bureaux de vote a marqué un taux de participation officiel de… 102%.

" Il n’y aura plus besoin de Naïm Kassem " 

"Le Hezbollah ne respecte pas les habitants de Baalbeck-Hermel ni ses tribus, ni ne tolère un avis opposé. Tout ce qui se passe est dirigé contre la voix de la contestation qui, en 2018, avait constitué 9,7% de l’électorat chiite, soit 17.000 voix", a poursuivi M. Habchi. "La liste de la Dignité et du développement en 2018 (soutenue à l’époque par les FL et le Courant du Futur) avait effectué deux percées (au niveau du siège maronite et de l’un des deux sièges sunnites). N’étaient les méthodes d’intimidation et la fraude électorale, la liste aurait remporté un troisième siège", a-t-il précisé. Cette année, si les 17.000 voix de l’opposition, selon ses chiffres, "parviennent à se traduire en victoire au Parlement, elles signifieront que les habitants de la région n’ont plus besoin du cheikh Naïm Kassem (secrétaire général adjoint du Hezbollah), ni de ses directives ni de son mépris face à la douleur des fils de sa communauté", a-t-il précisé.

Antoine Habchi a fait assumer enfin au ministère de l’Intérieur et aux services de sécurité la responsabilité de réagir à la violence subie par les candidats. "Comment l’État et le gouvernement peuvent-ils s’abstenir de prendre position à l’égard de ce qui touche à la sécurité des citoyens? Où est le parquet? Quel est le rôle de la justice?", a-t-il conclu.