Dans son premier rapport, publié au lendemain du scrutin du 15 mai, l’Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE) qui avait déployé 1100 contrôleurs sur l’ensemble du territoire libanais, a souligné que " des violations flagrantes, de l’intimidation et des pressions ont été exercées par plusieurs partis politiques ". Elle a aussi déploré que ses délégués n’aient pas été protégés par le ministère de l’Intérieur.

Ainsi, l’une des " plus dangereuses " violations soulevées par l’association, est la menace et l’agression physique et morale de ses représentants dans diverses circonscriptions, en particulier celles où le Hezbollah et le parti Amal ont des candidats (Tyr, Baalbek-Hermel, Saida…). " Ceci a forcé LADE à retirer ses observateurs de certains bureaux de vote pour ne pas mettre en danger leur sécurité ", peut-on bien lire. Le ministère n’aurait pas répondu aux multiples appels lancés par l’ONG afin de garantir la sûreté des délégués, souligne Cendrella Azar, chargée de communication à LADE. " La journée de vote a été marquée par le chaos et une faible organisation de la part des institutions concernées ", a-t-elle ajouté.

LADE a surtout dénoncé et documenté l’agression de certains candidats. Wassef Harake, postulant au siège chiite dans la circonscription Mont-Liban I a été attaqué par des partisans du Hezbollah et d’Amal, et traité de sioniste.

Parmi les autres infractions répertoriées, une atteinte au caractère secret du scrutin, et les transgressions du silence électoral.

Les contrôleurs de LADE auraient également pris en photos des délégués de partis ayant suivi des citoyens jusqu’à l’isoloir. Maintes images capturées relatent des représentants du tandem chiite, s’immisçant dans le vote des citoyens.

Pour sa part, le directeur exécutif de LADE, Ali Slim, a rapporté que les contrôleurs n’ont pas relevé de problèmes relatifs à des " urnes volantes " entre les régions. Toutefois, il a affirmé que malgré le retard encouru, les boîtes sont finalement parvenues à destination. Cependant, Slim a rapporté que dans la région de Hasbaya-Marjeyoun, une urne en provenance de Suresnes (France), a été annulée. Les enveloppes n’ont pas été dépouillées car le compte-rendu n’existait pas. " Ces voix auraient pu influencer les résultats, le choix de la majorité des expatriés étant en faveur de l’opposition".

Dépouillement des résultats

Des délégués de partis se seraient ingérés de manière indéniable dans le processus de dépouillement des résultats. Pour l’ONG, " des vidéos diffusées documentant certaines pratiques controversées, qui pourraient constituer une base pour remettre en question la fiabilité des élections " ; le courant électrique a fait défaut dans certains centres. Il n’a pas été assuré toute la nuit, tel par exemple à Beyrouth I.

L’association a aussi rapporté que des bulletins de vote ont été remis sans être signés par les fonctionnaires ; ce qui pourrait exposer les résultats à l’invalidation. Dans certains centres, ses contrôleurs ont été interdits, par les forces de sécurité, d’entrer dans les bureaux de vote au début du dépouillement.

En somme, la journée a été jalonnée d’exemples relatant l’absence d’une application effective de la loi par les autorités libanaises.