Dans une lettre de vœux qu’il a adressée hier au président Michel Aoun, à l’occasion du 78e anniversaire de l’indépendance, le chef d’Etat français, Emmanuel Macron, a fait part de son inquiétude " face à la crise dans laquelle le Liban est plongé ", critiquant indirectement " la paralysie des autorités face aux défis du Liban " et mettant en garde contre une aggravation de l’isolement régional du pays.
" La France est particulièrement attachée aux relations fraternelles qui unissent nos deux pays et nos deux peuples. Elle accorde la plus grande importance à la stabilité, à l’indépendance, à la sécurité et à la souveraineté du Liban (…). Je suis pour cette raison très fortement préoccupé par la crise dans laquelle est plongé votre pays ", a-t-il écrit, avant de souligner le caractère multiforme de cette crise et " l’intensité des difficultés que rencontrent les Libanais depuis de nombreux mois ".
Evoquant la formation du gouvernement Mikati, qui a constitué selon lui la première étape du processus de sortie de crise, M. Macron a invité le cabinet, bloqué depuis le 12 octobre à cause du bras-de-fer politique autour de l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, à réaliser, " avec l’appui du chef de l’Etat, les réformes auxquelles il s’était engagé auprès des Libanais et de la communauté internationale ".
" Ces réformes de fond, dont les premiers chantiers doivent être lancés le plus rapidement possible, rejoignent à la fois les exigences de tous les amis sincères du Liban et les attentes légitimes exprimées par le peuple libanais ", a-t-il écrit. Il a insisté sur le fait qu’il s’agit là d’un passage obligé vers le redressement du Liban. " Nul ne saurait souhaiter une trajectoire alternative, qui mettrait en péril l’intérêt général des Libanais et la stabilité même du pays ", a averti le président français.
M. Macron a fait référence ensuite aux affrontements de Tayouné du 14 octobre dernier, entre des combattants du Hezbollah et des partisans des Forces libanaises, pour relever que ces violences " illustrent les risques liés à une poursuite de la paralysie des autorités face aux défis du Liban ". " Le moment est venu de faire preuve de l’esprit de responsabilité dont je vous sais capable pour sortir votre pays de la crise ", a-t-il affirmé à l’adresse de son homologue libanais. Il a rappelé à la même occasion que les partenaires du Liban sont toujours disposés à l’aider dans cette entreprise. " Sans des actes forts, indispensables de la part des responsables politiques dans le but de restaurer la confiance, le Liban risque d’aggraver son isolement régional, dont la France souhaite l’aider à sortir ", a encore écrit Emmanuel Macron.