Au Liban, le manuel scolaire d’histoire s’arrête à l’indépendance de 1943 et occulte la guerre de 1975 à 1990, les violences qui y ont préludé et celles qui y ont fait suite.

L’équation de la non écriture de l’histoire à laquelle le pouvoir a habitué les Libanais se lit ainsi : pas de consensus autour des événements, donc pas d’histoire officielle, ni de mémoire.

Un groupe d’historiens et d’enseignants ont pris l’initiative, en formant l’association LAH (l’Association libanaise pour l’histoire) de changer, dès 2013, la méthode d’enseignement de l’histoire à plusieurs niveaux : raviver l’intérêt pour une matière devenue " morte " en adoptant une approche pédagogique plus interactive, et traiter des sujets sensibles, comme la guerre, en invitant les élèves à en explorer activement les différentes versions, et surtout, les différents vécus.

Apprendre l’histoire sans prétendre en unifier les versions, c’est aussi contourner l’incapacité du gouvernement à compléter le cursus officiel d’histoire dans les écoles.

Le président de la LAH, Amin Elias, explique comment cette méthode importée de Grande-Bretagne et connue sous le nom de Historical thinking (pensée historique) a pu être adaptée aux spécificités libanaises.

Formée à cette méthode par l’intermédiaire de la LAH, Fida Malak, coordinatrice d’histoire-géographie à l’International College (IC) en décrit l’expérience qu’elle en a faite en cours.

Deux de ses élèves de la classe de 3ème, Ibrahim Fayad et Ryan Alayli, rapportent leur apprentissage de la guerre, et se retrouvent sur le constat d’une " haine " résiduelle entre les communautés.