C’est contre " le meurtre " des malades par des médicaments non fiables, voire dangereux, contrefaits ou acheminés et vendus en contrebande, qu’ont protesté les pharmaciens ce mardi, face au ministère de la Santé. Révoltés contre la situation pressante, ils ont réclamé lors de leur sit-in, l’adoption d’un plan clair qui protègerait leur secteur menacé d’extermination. Le président du syndicat des pharmaciens, Joe Salloum, a évoqué des soupçons quant à l’existence d’un complot " pour détruire les pharmacies, les importateurs et les bureaux scientifiques de sorte à assommer l’identité libanaise du secteur pharmaceutique ".  " Le médicament se vend exclusivement en pharmacie ", martelaient les manifestants.

Les portes des officines sont restées fermées jusqu’à 14 heures. Le comité des propriétaires des pharmacies, en coopération avec le syndicat des pharmaciens, a réclamé l’application de la loi relative à la livraison des médicaments aux pharmacies, jugeant que la vie des patients était en danger.

M. Salloum a insisté de son côté sur la nécessité et l’importance de publier périodiquement une liste d’indicateurs des médicaments pour s’assurer de leur bonne livraison par les importateurs légaux aux pharmaciens. Il a également demandé que soit adopté le projet syndical concernant notamment l’élaboration de la carte du médicament pour renforcer le pouvoir d’achat des patients et leur permettre de se procurer des remèdes de bonne qualité en  pharmacie.

Lors d’une tournée effectuée par Ici Beyrouth, des pharmaciens ont déploré les conditions dramatiques dans lesquelles se trouvent les patients incapables de se procurer le traitement qui leur est indispensable pour rester en vie. " C’est un perpétuel cauchemar. C’est inhumain ", s’indigne l’un d’eux. A l’unanimité, ces spécialistes du médicament ont appelé l’Etat à trouver d’urgence des solutions pour assurer le traitement aux personnes atteintes de maladies chroniques tels les cancéreux, les cardiaques, les malades des reins… Avec acharnement, ils ont dénoncé d’une part, le manque de médicaments, et d’autre part, les difficultés liées aux différences de taux de change, mais surtout, au-delà de tout, l’insouciance générale des hommes d’Etat, face à l’agonie du peuple. " Il nous semble sombrer dans un tunnel noir, sans fin. Nous y sommes ", conclut l’un des pharmaciens rencontrés.