Le mufti jaafari, cheikh Ahmad Kabalan, considère que les problèmes politiques de fond "sont un détail ".

Alors que le nouveau Parlement libanais s’apprête à élire, mardi, son président et son bureau, donnant ainsi le coup d’envoi du processus constitutionnel devant déboucher sur la mise en place d’un gouvernement, le mufti jaafari Ahmad Kabalan a appelé à la formation d’une équipe ministérielle d’union nationale. Il a invité les forces politiques à se "retrouver à cette fin autour des constantes communes", qu’il n’a pas cependant définies, estimant que les problèmes de fond qui les opposent autour de la fonctionnalité de l’Etat libanais, sont "un détail ".

L’importance de l’appel de cheikh Kabalan réside dans le fait qu’il reprend et réaffirme celui du tandem Amal-Hezbollah, dont il est proche et qui veut obtenir la formation d’un cabinet d’union nationale – synonyme de blocage. Le mufti semble pour cela solliciter un appui international à cette formule.

"Il faut que les forces politiques se retrouvent autour de constantes communes nationales qui serviront de base pour la naissance rapide d’un cabinet d’union. Mais cela nécessite une couverture politique qui transcende ces forces pour que toutes les conditions d’un pouvoir fort, soutenu par des départements gouvernementaux capables de contrôler les marchés et de régler la crise, soient assurées, sinon nous allons droit vers une catastrophe existentielle qui servira les intérêts de certains États mais anéantira le Liban et son peuple", a averti cheikh Kabalan dans un communiqué qu’il a fait paraître dimanche.

Le mufti, qui a énuméré les éléments qui justifient, à son avis, pour les différentes forces politiques la mise en place d’un gouvernement d’union, a considéré que "les divergences politiques sont un détail à côté des besoins et des risques nationaux" qu’il a énumérés comme suit: "Une perte de contrôle financier avec les fluctuations du dollar qui menacent le pays d’effondrement; l’espèce de guerre sans chars que vit le Liban,  la tragédie des Libanais qui se prolonge, les crimes bancaires, les cartels, le chaos, l’anéantissement du pays à des fins de liquidations politiques, le fait que le sauvetage du Liban est possible, bien que le pays soit plongé dans la corruption, la misère et le désespoir, et sans pouvoir de décision  politique".

En d’autres termes, cheikh Kabalan appelle les forces souverainistes et l’opposition à mettre de côté leurs revendications, relatives pour les premiers à mettre sur le tapis le problème que pose les armes du Hezbollah lesquelles entravent toute possibilité d’édification d’un Etat central fort, et, pour les deux, à revenir à un système de gouvernance sain.

Il reprend ainsi à son compte la logique du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait estimé dans son dernier discours qu’il "faut d’abord qu’il y ait un État, avant de discuter du dossier des armes", en occultant le fait que ce sont justement les armes illégales, lesquelles couvrent toutes sortes de dysfonctionnements, qui empêchent l’édification d’un État fort. Cheikh Kabalan invite ainsi l’opposition dans toutes ses composantes à s’associer à ses adversaires politiques en vue d’un règlement de la crise, dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale qui est, comme on le sait, synonyme de blocage – les nombreuses expériences précédentes l’ont montré – et au sein duquel le tandem chiite et leur allié chrétien, le CPL, vont encore une fois chercher à imposer leurs propres politiques qui correspondent principalement à leurs priorités et non à celles des Libanais, à des fins de contrôle et de pouvoir.

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