Le Liban qui avait informé les États-Unis, par l’intermédiaire de leur ambassadrice à Beyrouth, de son rejet de la proposition d’Amos Hochstein, relative à la démarcation des frontières maritimes avec Israël, ne leur a toujours pas adressé sa réponse documentée et écrite à ce sujet. Pourtant, toutes ses observations ont été consignées. Beyrouth n’avait qu’à rédiger la lettre officielle.

La proposition du médiateur américain Amos Hochstein portait sur un tracé dévié de la ligne 23 pour la frontière maritime. Celui-ci donne au Liban le champ de Cana, mais ampute en contrepartie une grande partie du bloc n° 8 dans les eaux méridionales adjacentes à Israël. Or, selon des sources américaines, les priorités de M. Hochstein sont aujourd’hui ailleurs, et le dossier du tracé des frontières maritimes entre le Liban et Israël se trouve relégué au second plan. La guerre russo-ukrainienne et ses répercussions internationales, ainsi que les perturbations qu’elle a provoquées sur le marché mondial du gaz et des carburants, font que les États-Unis s’activent pour aider les pays européens, entre autres, à trouver des alternatives rapides. Le Liban ne figure pas sur la liste des alternatives potentielles en raison de l’absence de tout avancement dans l’exploration et l’extraction de pétrole et de gaz, alors qu’Israël dispose de plusieurs longueurs d’avance et tire profit de la consommation intérieure et de l’exportation à l’étranger.

Selon des informations obtenues, le navire FPSO d’Energean Power est actuellement en route pour le champ gazier de Karish. Une fois qu’il aura jeté l’ancre à destination, les Israéliens pourront, dans un délai n’excédant pas 3 mois, extraire le gaz et le pomper vers des installations, villes et villages de la côte israélienne. De plus, ils pourront également exporter le pétrole liquide extrait grâce à ce navire vers des pétroliers mouillant à proximité.

Le FPSO ne pompera pas seulement le gaz extrait de Karish, mais également le gaz extrait du champ de Tanin, qui se situe loin des lignes frontalières sur lesquelles la partie libanaise revendique des droits, soit les lignes 23 et 29.

De sources libanaises proches de ce dossier, on indique que le Liban ne s’est jamais officiellement opposé aux travaux des Israéliens dans le champ de Karish. La première objection est survenue en septembre de l’année 2021 dans une lettre adressée aux Nations Unies, confirmée en janvier 2022. Sur base de cette lettre, publiée sur le site de l’Onu, le Liban conserve son droit de modifier le décret relatif aux frontières maritimes, c’est-à-dire de modifier la ligne 23, sachant que le Liban s’était contenté d’exiger qu’Israël n’extraie pas de gaz de Karish en utilisant une technique qui repose sur le forage horizontal, mais plutôt sur le forage vertical.

Les sources sont convaincues que la polémique actuelle concernant le droit d’Israël d’extraire du gaz de Karish et les messages du Hezbollah, selon lesquels il pourrait s’opposer militairement à cette opération si le forage a lieu dans une zone contestée, pourraient inciter la partie américaine à se mobiliser afin de rechercher une solution pour délimiter les frontières maritimes entre le Liban et Israël.

Les sources sont restées dubitatives face aux chiffres avancés récemment par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, selon qui la prospection gazière et pétrolière offshore générerait au Liban jusqu’à 600 milliards de dollars de revenus. Car ces estimations ne reposent pas sur du concret et la réalité peut s’avérer différente lorsque le forage aura commencé. Par conséquent, il n’est pas dans l’intérêt du Liban de lancer des chiffres qui peuvent être utilisés pour tromper l’opinion publique et déformer la vérité.