Les parents de Yasmine Masri et les directeurs médicaux des hôpitaux où s’était rendu le père devront être entendus demain par le directeur du département des soins médicaux au ministère de la Santé.

Le Liban, notamment le Liban-Nord, était en émoi lundi après le décès dimanche soir de Yasmine Masri, une petite fille d’un an, originaire de Mouhammara dans le Akkar, plusieurs hôpitaux du caza ayant refusé de la recevoir, accuse le père. Selon lui, un hôpital aurait même exigé un dépôt de 1.000 dollars pour l’accueillir.

Aussitôt, le ministère de la Santé a ouvert une enquête dans le cadre de laquelle le directeur du département des soins médicaux, Joseph el-Hélou, devait entendre demain mardi 21 juin les parents de la fillette, ainsi que les directeurs des hôpitaux dans lesquels s’est rendue la famille, selon un communiqué du ministère. "Ce n’est qu’après avoir entendu les différentes versions que le ministère de la Santé se prononcera sur les mesures judiciaires à prendre", précise-t-on dans le texte. Contacté par Ici Beyrouth, le Dr Hélou s’est abstenu de tout commentaire avant d’avoir entendu les différentes parties concernées.

Le décès de Yasmine Masri remet sur le tapis le manque d’unités de soins intensifs pédiatriques dans de nombreux hôpitaux du Liban. "Cela fait des années que nous mettons en garde contre cela", affirme à Ici Beyrouth Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés. "Les hôpitaux n’ont pas le personnel nécessaire pour les soins intensifs pédiatriques qui requièrent des ressources humaines très spécialisées. Avec la crise économique et financière, la situation s’est aggravée", poursuit-il. Il explique que les unités de soins intensifs pour nouveaux nés sont défectueuses depuis la crise financière et que les unités de soins intensifs pédiatriques étaient déjà au plus mal bien avant la crise. "Si un hôpital ne possède pas de soins intensifs pédiatriques, il est inutile de prendre l’enfant en charge", insiste Sleiman Haroun.

La réponse de l’hôpital al-Haykal

L’hôpital al-Haykal, accusé par le père d’avoir refusé d’administrer les soins à Yasmine, avant que les parents ne déposent la somme de 1.000 dollars, a affirmé avoir reçu la fillette aux urgences le samedi 18 juin à 9h20. "Elle avait de la fièvre et vomissait", précise la direction de l’hôpital dans un communiqué, soulignant que les parents ont expliqué avoir fait le tour de plusieurs hôpitaux très tôt le matin.

D’après le communiqué, "tous les signes vitaux de la fillette étaient normaux, mis à part la fièvre". Yasmine "a été examinée par l’équipe médicale aux urgences", qui a également "effectué les tests laborantins nécessaires et lui ont donné les médicaments nécessaires pour son cas, en attendant les tests radiologiques". La direction de l’hôpital a souligné en outre que la perfusion s’est détachée, "ce qui est le cas avec plusieurs enfants en cas de fièvre". Il a fallu donc faire une nouvelle perfusion en plus d’une tomodensiométrie (une scanographie) abdominale, selon l’hôpital. D’après le document, l’équipe infirmière des urgences avait du mal à faire la perfusion et a sollicité l’aide d’une équipe spécialisée des soins intensifs. "C’est alors que le père a décidé de prendre sa fille, bien que les médecins urgentistes ont essayé de l’en dissuader lui expliquant que cela mettait la vie de la fille en danger. Par ailleurs, du sang a été détecté dans les selles, ce qui nécessitait l’hospitalisation de l’enfant pour recevoir le traitement nécessaire, qui pourrait être chirurgical ", lit-on dans le texte.

La direction de l’hôpital a noté que le père de Yasmine a achevé les formalités nécessaires pour faire sortir son enfant, alors que les soins continuaient à lui être administrés aux urgences. "À 12h07, le père a quitté les urgences en compagnie de sa fille, sans prendre l’avis de l’équipe médicale ou infirmière et sans payer les frais des examens effectués", note la direction de l’hôpital al-Haykal, affirmant que la situation de l’enfant était alors "stable". "Le dossier électronique de la fillette et les archives des caméras de surveillance des urgences sont à la disposition" de l’enquête, conclut la direction de l’hôpital.