Les fonctionnaires ont entamé lundi leur troisième semaine de grève, réclamant notamment une hausse des salaires. Si certains services fonctionnent désormais au ralenti, la Ligue des fonctionnaires de l’administration publique est déterminée à obtenir gain de cause.

Mercredi matin. Si les portes du ministère des Affaires sociales sont grandes ouvertes, peu de fonctionnaires les franchiront. Dans les bureaux, c’est le calme plat. Seuls quelques fonctionnaires venus traiter les dossiers les plus urgents se croisent de temps à autre dans les couloirs. Même ambiance à Chiyah, au ministère du Travail qui ne fonctionnait qu’avec 30% de ses effectifs ou encore au ministère de la Justice, dont les abords étaient vides dans la matinée.

Procédures à rallonge, retards dans le traitement des dossiers… Nombre de services publics fonctionnent désormais au ralenti, alors que les fonctionnaires ont entamé lundi leur troisième semaine de protestation. En cause : des conditions de vie et de travail devenues insoutenables, en raison de la stagnation des salaires. "Le gouvernement n’a apporté aucun avantage permettant d’améliorer la vie des familles des fonctionnaires, même au minimum", déplore Nawal Nasr, à la tête de la Ligue des fonctionnaires de l’administration publique. Face à ce qu’elle qualifie de "négligence de l’État", la grève partielle entamée il y a plus d’un an s’est muée le 13 juin en une grève ouverte.

"Nous demandons une augmentation salariale et des indemnités en corrélation avec l’inflation", explique Nawal Nasr à Ici Beyrouth. Outre une augmentation des aides médicales et sociales, la Ligue des fonctionnaires de l’administration publique réclame aussi une rémunération basée sur le taux de " Sayrafa " de la banque centrale (soit 25.200 livres libanaises mercredi). Car pour le moment, les prestations perçues sont toujours calculées sur base du taux officiel, soit 1507 livres libanaises pour un dollar. Dans le même temps, le taux du marché noir atteignait mercredi 28.300 livres libanaises. Un employé qui gagnait 1000 dollars par mois avant la crise n’en gagne ainsi plus que 50. Une situation invivable.

"Nous sommes détruits !", clame avec colère une source des milieux de l’assistance juridique, dont plusieurs des employés ont rejoint le mouvement de grève. "Nous ne comptons plus sur le gouvernement. Aucune institution publique n’est digne de confiance. Nombreux sont ceux qui pensent d’ailleurs à démissionner en raison du coût exorbitant des transports et de l’essence !", poursuit la source avec angoisse. Pour beaucoup de fonctionnaires, se rendre au bureau leur fait ainsi presque perdre de l’argent.

Parmi les revendications de la Ligue figure justement l’octroi de chèques d’essence aux salariés. L’idée est que ces chèques soient établis en fonction de la distance qui sépare le domicile des fonctionnaires de leur lieu de travail.

Le 24 janvier dernier, le gouvernement avait approuvé une augmentation des indemnités de transport. Celles-ci devaient alors passer de 24.000 à 64.000 livres par jour. Un autre décret prévoyait également une aide exceptionnelle mensuelle allant de 1,5 à 3 millions de livres libanaises en fonction du salaire d’origine. "Mais l’aide aux transports n’a pas été payée, explique Nawal Nasr. Quant au reste, c’est loin d’être suffisant pour faire face à l’augmentation des prix, notamment de l’essence. D’autant que certains employés vivent à plusieurs dizaines de kilomètres de leur bureau ", ajoute-t-elle.

En attendant d’obtenir gain de cause, la Ligue, déterminée, poursuit sa grève. Nombre de services fonctionnent ainsi au ralenti depuis trois semaines.