Le Premier ministre désigné Najib Mikati s’est rendu samedi matin au siège patriarcal maronite d’été, à Dimane (Liban-Nord, dans la région de Becharré), pour s’entretenir avec le patriarche maronite, Béchara Raï, de la formation du gouvernement. Cette rencontre intervient au lendemain de la réunion entre M. Mikati et le président Michel Aoun, au cours de laquelle le chef de l’État a rejeté la mouture ministérielle présentée par le Premier ministre désigné. Baabda réclame notamment un cabinet politique de 30 membres.

A l’issue de sa visite à Dimane, M. Mikati a fait une déclaration dans laquelle il a souligné que sur le plan du principe, il était opposé à la monopolisation d’un ministère par une communauté déterminée, mais que dans les circonstances présentes, et en raison du fait qu’un court laps de temps nous sépare de la fin du mandat de Michel Aoun, il estime qu’il est inopportun d’engager une épreuve de force au sujet du ministère des Finances (attribué, comme l’accoutumée, à un ministre chiite proche du mouvement Amal).

"Nous avons discuté avec sa Béatitude le patriarche de la nécessité de la formation d’un gouvernement dans les plus brefs délais, sur base du principe de la rotation des portefeuilles ministériels, faute de quoi, le pays continuera de sombrer dans la crise", a déclaré M. Mikati qui a toutefois apporté un bémol à sa position sur ce plan. "Il est vrai que dans le cadre d’une interview, j’avais assuré qu’aucun portefeuille ne serait attribué à une communauté spécifique, a-t-il souligné. Toutefois, nous ne pouvons nous permettre d’engager une épreuve de force pour ce ministère, surtout que le gouvernement aura une durée de vie limitée".

Et de poursuivre : "L’essentiel, c’est que le gouvernement accomplisse sa mission et que nous puissions organiser l’élection présidentielle en toute sécurité. Les difficultés qui se présentaient au sujet de l’élection d’un nouveau président de la République se sont estompées après les résultats des législatives du fait qu’aucune partie ne semble vouloir faire obstruction à l’élection d’un président. J’espère donc que, d’ici deux à trois mois, nous nous retrouverons dans un pays avec, à sa tête, un nouveau président et un nouveau gouvernement".

En réponse aux assertions selon lesquelles il chercherait à éviter la formation du gouvernement, le Premier ministre a affirmé : "Je n’ai pas tardé à soumettre la première mouture au président Michel Aoun qui a le libre choix d’y effectuer des modifications. Je ne peux cependant me plier aux conditions et exigences de tel ou tel parti politique, surtout lorsqu’il indique ne pas vouloir nommer de Premier ministre, ni participer au gouvernement, ni lui accorder sa confiance", a déclaré M. Mikati dans une claire allusion au courant aouniste.

M. Mikati a souligné en outre qu’il était favorable au maintien de la plupart des ministres actuels car de nouveaux ministres n’auront pas le temps, en un court laps de temps de trois ou quatre mois, d’étudier les dossiers de leur ministère pour ensuite prendre les décisions qui s’imposent.

Au sujet du dossier sur la délimitation des frontières, M. Mikati a révélé avoir reçu des nouvelles encourageantes et qu’il attendait de recevoir une réponse officielle à ce sujet.