Le bloc parlementaire du Renouveau "se veut un moteur d’unification de l’opposition", confie Michel Moawad à "Ici Beyrouth".

Deux mois après les élections parlementaires de mai dernier, qui ont brouillé quelque peu les cartes et modifié le rapport de force, Place de l’Étoile, un nouveau bloc parlementaire a vu le jour vendredi. Baptisé Tajadod ou Le Renouveau, il s’est donné pour mission d’être un "pont entre les diverses forces politiques qui croient dans l’édification de l’État de droit" et d’unifier les positions des députés de l’opposition, qu’ils soient souverainistes ou "du changement".

Le Renouveau regroupe quatre députés indépendants, de plusieurs régions et communautés: le chef du Mouvement de l’indépendance, Michel Moawad (Zghorta), Fouad Makhzoumi (Beyrouth II), Achraf Rifi (Tripoli) et Adib Abdelmassih (Koura).

L’annonce de la naissance du bloc a été faite lors d’une conférence de presse à la bibliothèque du Parlement. Après une introduction de M. Abdelmassih, qui a souligné l’importance de "la souveraineté et du rétablissement de l’État, pris en otage", chacun des trois autres parlementaires a exposé la position du bloc par rapport à l’un des trois piliers de son programme: la souveraineté, l’État des institutions et le dossier socio-économique.

Rifi: la souveraineté

M. Rifi a estimé que la première cause de l’effondrement économique que connaît le Liban est la violation de la souveraineté nationale. Il a appelé à étendre l’autorité de l’État sur tout le territoire libanais. "Toute arme illégale doit être remise à l’État et les armes du Hezbollah ne sont plus celles de la résistance, mais d’une milice qui exerce l’hégémonie iranienne et modifie les équations internes en recourant à des assassinats", a déclaré l’ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure, qui a ajouté que le Hezbollah "est le premier protecteur du système de la corruption".

M. Rifi a appelé à la délimitation des frontières terrestres avec la Syrie, en incluant les fermes de Chebaa, à la fermeture de tous les points de passage illégaux et à l’arrêt de la contrebande d’armes et de marchandises. Il a en outre réclamé la délimitation des frontières maritimes "au sud, au nord et à l’ouest".

Il a par ailleurs mis l’accent sur l’application de toutes les résolutions internationales relatives au Liban, soulignant l’appui du bloc à l’armée libanaise et aux forces de sécurité. Il a réclamé le retour des réfugiés syriens chez eux, "en application des lois internationales, d’une façon qui préserve leur sécurité et soulage le Liban d’un fardeau qu’il ne peut plus supporter".

Moawad: l’État et les institutions

À son tour, M. Moawad a indiqué que l’absence de souveraineté est une cause essentielle, mais non la seule, de la dégradation que connaît le Liban. "Une autre raison est la façon de gérer notre État et d’appliquer notre système ", a-t-il dit.

Il a rejeté les "gouvernements de quote-parts nationales" et a appelé à "approuver la décentralisation, à adopter le gouvernement électronique et la loi consacrant l’indépendance de la justice, à renforcer les organismes de contrôle, et enfin à amender les lois et même certains articles de la Constitution s’il le faut pour lever les immunités et renforcer la reddition des comptes".

Makhzoumi: dossier socio-économique

M. Makhzoumi a exposé de son côté la vision socio-économique du bloc. Il a commencé par dénoncer les politiques économiques appliquées au Liban après la guerre, qui ont "marginalisé les secteurs productifs au profit des secteurs bancaire et immobilier".

Le député de Beyrouth II a indiqué que la vision du bloc est basée sur un programme de réforme économique et l’attachement à l’économie libre, productive et juste. Il a noté que le bloc propose de "privatiser la gestion des secteurs productifs, pour passer de l’échec à la réussite, renflouer les caisses de l’État et restituer progressivement l’argent des déposants". Les autres piliers du programme sont les négociations avec le Fonds monétaire international et la justice sociale.

M. Moawad a en outre souligné à Ici Beyrouth l’importance de la formation de ce bloc, "qui se veut un moteur d’unification de l’opposition".