Michel Moutran, officier des Forces de sécurité intérieure (FSI) et spécialiste en sécurité routière, est arrêté depuis vendredi soir par la police pour une durée de dix jours. Michel Moutran fait l’objet d’une sanction disciplinaire pour avoir critiqué le Centre de gestion du trafic routier (TMC). Sur ses comptes Facebook et Twitter, l’officier a ainsi estimé que "le compte du TMC est devenu une page pour recenser le nombre des blessés et des morts (des accidents de route)", soulignant qu’il s’agit désormais d’un "faire-part de décès". "L’histoire de ce compte est semblable à celle du pays", a-t-il écrit, il y a plus d’une semaine.

C’est donc pour s’être exprimé sans une autorisation préalable du directeur général de la police, le général Imad Osman, condition requise par le règlement interne des FSI, que Michel Moutran se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux. Il serait important dans ce sens de souligner que l’officier avait la charge de gérer les réseaux sociaux du TMC, au lendemain d’un premier tweet écrit en décembre 2013, dans le but "de faire progresser le secteur de la sécurité routière, afin qu’aucun décès ni blessé ne soient signalés", comme il le précise dans sa publication.

Sur Twitter, l’épouse de M. Moutran, Joëlle Bassil, dénonce son arrestation: "Mon mari a été convoqué par la police, vendredi soir à 18h, comme on le fait pour les criminels. Il a effectivement été arrêté pour s’être exprimé sur les réseaux sociaux". Le couple qui se trouvait le vendredi 15 juillet à son domicile à Zahlé, s’était rendu au siège des FSI à Beyrouth, à la suite de la convocation. Michel Moutran y avait été interrogé avant d’être arrêté. "Son arrestation est certainement due à des raisons personnelles, vu que les relations entre lui et les autres membres des FSI sont un peu tendues. Cela fait des années qu’il est au même grade alors que d’autres officiers ont été promus", insiste Mme Bassil.

Depuis vendredi, une campagne sous le thème "Liberté pour Michel Moutran" a été lancée en guise de solidarité avec l’officier. Ceux qui le soutiennent considèrent qu’il s’agit d’une atteinte ahurissante à la liberté d’expression, dans un pays où elle est de plus en plus étouffée.