Les États-Unis vont-ils entrer en récession ? Alors que le niveau de chômage retourne à son niveau pré-Covid 19, le PIB américain s’est de nouveau contracté au deuxième trimestre 2022. L’administration Biden se veut rassurante : la baisse est liée à des niveaux d’investissement bas, qui devraient remonter.

Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis s’est de nouveau contracté au deuxième trimestre, ce qui accroît les risques de voir la première économie du monde plonger dans la récession, à quelques mois d’une élection-clé pour Joe Biden.

La contraction du PIB est de 0,9% en rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, qui compare au trimestre précédent puis projette l’évolution sur l’année entière, selon les chiffres publiés jeudi 28 juillet par le département du Commerce.

Au premier trimestre déjà, il avait reculé de 1,6%.

Pas de panique

La définition communément admise de la récession correspond à deux trimestres consécutifs de recul du PIB, mais de nombreux économistes, ainsi que l’administration Biden, affirment que l’économie n’est pas en récession du fait d’autres indicateurs plus favorables, comme l’emploi.

États-Unis
En visio lors d’une conférence, Joe Biden se voulait rassurant : les États-Unis n’entreront pas en récession (AFP)

La ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden Janet Yellen tiendra une conférence de presse à 13H30 (17H30 GMT).

Le département du Commerce précise que le recul du PIB au deuxième trimestre reflète des baisses d’investissements des entreprises et d’achats de logements de la part des ménages. Le gouvernement fédéral, les États et les administrations locales ont également freiné leurs dépenses.

La consommation, locomotive de la croissance américaine, s’est maintenue. Mais c’est grâce aux dépenses dans les services, qui ont vu leurs prix augmenter avec l’inflation.

" Déclin de l’activité "

Le recul du PIB sur le trimestre est de 0,2% si l’on compare simplement au trimestre précédent, comme le font d’autres économies avancées.

Les États-Unis ont-ils ou non plongé dans la récession: le débat, qui faisait déjà rage depuis plusieurs jours, va ainsi pouvoir repartir de plus belle.

États-UnisUn seul organisme est habilité aux États-Unis à déterminer officiellement les périodes de récession, le Bureau national de la recherche économique (NBER), mais cela intervient avec plusieurs mois de délai.

Nous " considérons une série d’indicateurs ", détaille sur son site le NBER, qui observe également " l’ampleur du déclin de l’activité ".

Le président Joe Biden a affirmé lundi 25 juillet que son pays ne connaîtrait pas de récession, et son administration tente d’éteindre l’incendie.

La secrétaire au Trésor Janet Yellen a assuré que non, la première économie du monde n’était pas en récession.

" Ce qu’une récession signifie vraiment, c’est une contraction généralisée de l’économie. Et même si ce chiffre est négatif, nous ne sommes pas en récession maintenant ", a-t-elle souligné dimanche 24 juillet.

L’opposition sceptique

Mais l’opposition y voit une tentative de manipulation des chiffres. " Scoop pour Joe Biden: tu ne peux pas changer la réalité en argumentant sur des définitions ", a réagi le Parti républicain.

Le taux de chômage, à 3,6%, est tout proche de son niveau pré-pandémique, qui était le plus bas depuis 50 ans, et les employeurs peinent toujours à recruter.

Cependant, " les récents indicateurs de dépenses et de production ont ralenti ", a concédé mercredi 27 juillet la Fed.

La consommation, moteur de l’économie américaine, avait encore surpris par sa vigueur en juin. Mais le montant des dépenses a été gonflé par l’inflation, et les consommateurs, pour une même addition, repartent avec un panier moins garni.

Le FMI a se son côté révisé fortement à la baisse sa prévision de croissance des États-Unis pour 2022, et ne table désormais plus que sur 2,3% (quand elle anticipait encore 3,7% en avril), avançant " une croissance plus faible en début d’année ", et les conséquences de l’inflation.

Le PIB américain s’était contracté de 3,4% en 2020 sous l’effet de la crise du Covid-19, avant de rebondir de 5,7% en 2021.

Avec AFP