Après le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et le président français Emmanuel Macron, les États-Unis ont entamé une tournée en Afrique par l’intermédiaire du secrétaire d’État américain Antony Blinken. Ce dernier est arrivé ce mardi à Kinshasa en République démocratique du Congo, deuxième étape de sa tournée africaine. Il devrait s’entretenir en fin de journée avec le président Félix Tshisekedi. Les tensions entre la RDC et le Rwanda devraient être au cœur des discussions, la RDC accusant son voisin de soutenir la rébellion du M23.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est arrivé mardi en République démocratique du Congo pour une visite qui devrait tourner autour du conflit dans l’est de ce pays, à la base des tensions avec le Rwanda voisin, accusé de soutenir une rébellion.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken arrive à Kinshasa (AFP)

Politiques et membres de la société civile attendent une condamnation ferme de l’administration américaine face au Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du " Mouvement du 23 mars " (M23) dans l’est troublé de la RDC.

M. Blinken est arrivé à l’aéroport de Ndjili et a été accueilli par le ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula, a annoncé la présidence congolaise.

" Un tête-à-tête avec le président Félix Tshisekedi " est prévu en fin de journée au palais présidentiel, a-t-elle ajouté dans un bref communiqué.

Le président Félix Tshisekedi compte évoquer avec le chef de la diplomatie américaine les tensions entre la RDC et le Rwanda voisin, qui dément tout soutien à la rébellion du M23. Après sa visite d’une journée à Kinshasa, M. Blinken doit se rendre au Rwanda, dernière étape de sa tournée africaine.

Le président de la République démocratique du Congo Felix Tshisekedi accueille le secrétaire d’État américain Antony Blinken (AFP)

Dans un communiqué, 19 organisations congolaises et américaines ont appelé à une condamnation ferme de Kigali.

" Antony Blinken devrait clairement affirmer que les États-Unis imposeront des sanctions ciblées aux responsables gouvernementaux et aux autres personnes qui soutiennent des groupes armés qui commettent des abus " dans l’est de la RDC, ont écrit ces organisations.

Condamner publiquement le M23

" Le secrétaire d’État Blinken devrait informer le président rwandais Paul Kagame que les États-Unis ne toléreront aucun soutien au M23, comme l’a fait le président Barack Obama en 2012 ", a déclaré le Père Rigobert Minani Bihuzo du Centre d’études pour l’Action sociale (CEPAS), un des signataires.

Le chef de la diplomatie américaine devrait pendant ses visites au Rwanda et en RDC " exprimer clairement les vérités qui dérangent ", " condamner publiquement les attaques du M23 dans les termes les plus fermes " et " avertir le Rwanda des conséquences de son soutien au M23 ", a estimé l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW).

" Comme en 2012, le M23 commet des crimes de guerre contre des civils " dans l’est de la RDC, souligne cette organisation de défense des droits de l’homme, en précisant que " des témoins ont décrit des exécutions sommaires d’au moins 29 personnes ".

Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d’année dernière en reprochant à Kinshasa de n’avoir pas respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants.

Dans un rapport de 131 pages au Conseil de sécurité de l’ONU consulté la semaine dernière par l’AFP, des experts missionnés par cette institution ont déclaré que les troupes rwandaises étaient intervenues militairement à l’intérieur de la RDC depuis novembre 2021.

Le Rwanda a également " fourni des renforts de troupes " pour des opérations spécifiques du M23, selon le rapport des experts, " en particulier lorsque celles-ci visaient à s’emparer de villes et de zones stratégiques ".

Kinshasa et Kigali entretiennent des relations tendues depuis l’afflux massif de Hutu rwandais accusés d’avoir massacré des Tutsi lors du génocide rwandais de 1994. Les relations ont commencé à se dégeler après l’arrivée au pouvoir de Tshisekedi en 2019, mais la résurgence du M23 a ravivé les tensions.

Avec AFP