Les dirigeants des partis d’extrême droite et nationalistes européens ont discuté samedi à Varsovie de la possibilité de votes communs au Parlement européen, mais n’ont pas réussi à conclure une alliance formelle.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, la dirigeante d’extrême droite française Marine Le Pen et Jaroslaw Kaczynski, chef du parti populiste au pouvoir en Pologne Droit et justice (PiS) figuraient notamment parmi les dirigeants politiques présents à Varsovie.

Dans une déclaration commune à l’issue de la conférence, les participants se sont opposés à "une Europe gouvernée par une élite autoproclamée" et ont déclaré que "seules les institutions souveraines des Etats avaient une pleine légitimité démocratique".

Les participants ont également discuté "d’une coopération plus étroite au Parlement européen".

Cela inclurait "l’organisation de réunions conjointes et l’alignement des votes sur des questions communes, telles que la protection de la souveraineté des États membres et la position sur l’immigration illégale", selon la déclaration.

Une avancée

Au Parlement européen, les partis sont actuellement scindés en deux groupes distincts.

RN (France) et la Ligue (Italie) appartiennent au groupe Identité et Démocratie (ID), tandis que Droit et Justice, Vox (Espagne) et Fratelli d’Italia sont dans le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Le Fidesz hongrois, qui a divorcé en mars du groupe du Parti populaire européen (PPE), est lui à la recherche d’autres partenaires.

La candidate à la présidence française Marine Le Pen s’est déclarée "très heureuse du résultat de cette réunion" et "également de l’engagement de réunions régulières, afin d’obtenir des votes communs entre les deux groupes sur des sujets qui sont des sujets importants au Parlement européen".

"C’est une avancée qui me va très bien et qui permet d’être très optimiste pour la suite", a-t-elle ajouté indiquant que les partis ont convenus de réunions régulières entre eux.

Objectif fédéraliste

A terme, les partis espèrent créer un groupe commun au Parlement européen.

Cette nouvelle force au parlement Européen est "d’autant plus nécessaire que nous sommes confrontés à une coalition allemande qui fait de l’objectif fédéraliste une priorité, mais qui également très certainement va contribuer à aggraver la pression migratoire sur nos pays respectifs", selon Mme Le Pen.

Un eurodéputé de PiS, Tomasz Poreba, présent à la conférence, a toutefois indiqué que la création d’un groupe commun n’était pas au programme de la réunion de Varsovie et n’était pas "actuellement à l’ordre du jour".

Parmi les signataires de la déclaration de juillet figurent, outre Mme Le Pen, le chef de la Ligue italienne Matteo Salvini (absent à Varsovie), le Premier ministre et patron du Fidesz Viktor Orban, M. Kaczynski, le président de Vox Santiago Abascal, ainsi que la cheffe de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni.

Vendredi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a considéré que la conférence constituait un "tournant dans l’histoire de l’Europe, de l’Union européenne, des États membres souverains de l’UE".

"Soit (…) ensemble nous mettrons un barrage à l’usurpation qui concentre le pouvoir entre les mains des élites européennes (…), soit nous serons confrontés à l’extension des compétences (des institutions européennes, ndlr) et à la contraction de ce qu’est l’une des les meilleures inventions de l’humanité, c’est-à-dire des États souverains", a-t-il estimé lors d’une réunion d’experts.

La Pologne et la Hongrie sont menacées par un mécanisme de l’UE permettant de suspendre le versement de fonds européens en cas de violation des principes de l’Etat de droit, en raison de leurs démêlés récurrents avec Bruxelles sur le respect des valeurs jugées fondamentales au sein de l’Union européenne