L’Algérie est actuellement ravagée par des incendies, au nombre de 106 depuis le début du mois d’août, qui déciment ses forêts et ont provoqué la mort de 38 personnes. Plus de 200 personnes ont été blessées. Chaque année, le nord du pays est touché par des feux de forêt, un phénomène accentué par le réchauffement climatique. 

Depuis le début du mois d’août, 106 incendies ont éclaté en Algérie, détruisant 800 hectares de forêt et 1 800 hectares de taillis. (AFP)

 

 

Les pompiers en Algérie tentent jeudi de maîtriser les derniers feux de forêts dans le nord et l’extrême est du pays au milieu de " scènes de désolation ", au lendemain de violents incendies qui ont fait au moins 38 morts.

Le bilan des incendies de ces derniers jours s’est alourdi avec 30 morts dans la zone d’El Tarf, dans l’extrême est (près de la frontière avec la Tunisie), cinq à Souk Ahras, deux femmes à Sétif et une personne à Guelma, dans l’est, selon la protection civile, des journalistes locaux et la télévision Ennahar.

En outre, plus de 200 personnes ont été blessées, selon des médias locaux. Sur la route vers El Kala ", près de El Tarf, une ville de 100.000 habitants, " une tornade de feu a tout emporté en quelques secondes, la plupart des morts ont été encerclés alors qu’ils visitaient un parc animalier ", a décrit à l’AFP un journaliste local.

Le ministère de la Justice a ouvert une enquête visant à déterminer si les incendies étaient d’origine criminelle après des déclarations du ministre de l’Intérieur selon lesquelles " certains des incendies ont été provoqués ".

Selon la protection civile, 24 feux sont encore en cours dans sept préfectures. Durant les dernières 24 heures, 1.700 pompiers ont été mobilisés pour éteindre 118 foyers à travers 21 préfectures. L’armée et la protection civile utilisent aussi des hélicoptères bombardiers d’eau.

Les incendies meurtriers ont ravivé le débat sur l’absence d’avions bombardiers d’eau en nombre suffisant. (AFP)

 

 

Sur les 39 incendies ayant ravagé 14 wilayas (départements) du nord du pays, un certain nombre étaient encore en cours jeudi et les autorités redoutent des départs de feu à cause de rafales.

Des hélicoptères bombardiers d’eau de la protection civile et de l’armée sont intervenus dans plusieurs villes.

L’Algérie a affrété un avion bombardier d’eau russe Beriev BE 200, mais après être intervenu sur différents incendies, il a subi une panne et ne sera à nouveau opérationnel qu’à partir de samedi, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, mercredi soir.

Le Premier ministre, Ayman Benabderrahmane, est arrivé jeudi matin à El Tarf, selon la télévision. La gendarmerie a fermé plusieurs routes nationales à cause des incendies.

À Souk Ahras, près de la frontière tunisienne, un important incendie était toujours en cours jeudi matin dans la zone montagneuse du Djebel Oued Chouk, selon un journaliste local joint par téléphone par l’AFP. Il a évoqué des scènes de panique mercredi dans cette ville de 500 000 habitants.

D’après ce journaliste, 97 femmes et 17 nouveaux-nés qui se trouvaient dans un hôpital proche d’une zone forestière ont dû être évacués. Des images télévisées ont montré des habitants fuyant leurs logements en flamme, des femmes portant leurs enfants dans les bras. Plus de 350 familles ont dû quitter leurs habitations.

Un pays mal équipé pour faire face aux incendies

Les incendies ont provoqué la mort de 38 personnes dans le nord du pays. (AFP)

 

 

Chaque année, le nord de l’Algérie est touché par des feux de forêt, mais ce phénomène s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique. Il faisait environ 48 degrés mercredi à El Tarf, Guelma et Souk Ahras.

L’été 2021 a été le plus meurtrier depuis l’indépendance algérienne: au moins 90 personnes sont mortes dans des feux de forêt qui ont ravagé le Nord, où plus de 100 000 hectares de taillis sont partis en fumée.

Le réchauffement climatique augmente la probabilité des canicules et des sécheresses et, par ricochet, des incendies.

Depuis le début du mois d’août, 106 incendies ont éclaté en Algérie, détruisant 800 hectares de forêt et 1 800 hectares de taillis, a précisé le ministre de l’Intérieur.

Ces incendies ravivent des plaies et le débat sur l’absence d’avions bombardiers d’eau en nombre suffisant, qui avait déjà agité le pays l’été dernier après des incendies meurtriers.

Lors d’un séminaire algéro-canadien sur la lutte contre les feux de forêt, des spécialistes avaient recommandé en mai " la mise en place d’un dispositif national de lutte au moins équivalent à celui qui existait dans les années 1980! ", a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un expert qui participait au débat.

À l’époque, " la DTA (direction du travail aérien) disposait de 22 appareils de type Grumman qui faisaient la fierté de l’Algérie, notamment en matière de lutte contre les feux de forêt ", a ajouté l’expert, selon lequel les appareils " ont été vendus au dinar symbolique sans qu’aucune solution de rechange ne soit proposée ".

" Certains de ces incendies ont été provoqués ", a affirmé M. Beldjoud.

Pays le plus étendu d’Afrique, l’Algérie ne compte que 4,1 millions d’hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%.

Avec AFP