Considérée par les Finlandais comme une femme sérieuse, qui a su mener la Finlande à travers la pandémie puis sur les chemins de l’Otan, Sanna Marin, première ministre du pays, fait face à une polémique inédite. Une vidéo d’elle en train de faire la fête avec ses amis a fuité sur les réseaux sociaux il y a quelques jours, embarrassant la dirigeante de 36 ans, qui a dû se justifier. 

Sanna Marin est apparue bouleversée lors d’une conférence de presse, après la fuite de vidéos la montrant s’amusant et dansant avec des amis et célébrités il y a quelques jours. (AFP)

 

 

Plus jeune Première ministre au monde, élevée par deux femmes, la Finlandaise Sanna Marin incarne à 36 ans une modernité atypique au pouvoir, avec un goût assumé pour la fête qui lui vaut désormais une controverse faisant le tour du globe.

" Je suis un être humain. J’aspire parfois aussi à la joie, à la lumière et au plaisir au milieu de ces nuages sombres ", s’est-elle défendue jeudi, quelques jours après que des vidéos ont fuité en ligne la montrant s’amusant et dansant avec des amis et des célébrités.

Pour se laver de tout soupçon, la dirigeante social-démocrate avait fait un test de dépistage de stupéfiants – revenu négatif.

Mais la polémique s’est renforcée cette semaine après la publication d’une photo de deux femmes soulevant leur haut lors d’une fête organisée en juillet à la résidence, contraignant Sanna Marin à s’excuser.

Selon un sondage publié vendredi par le quotidien de référence Helsingin Sanomat, 42% des Finlandais disent que leur opinion s’est détériorée sur leur Première ministre à la suite de l’affaire.

" Sanna la fête " 
Élue Première ministre en 2019, Sanna Marin était alors la plus jeune dirigeante du monde. Elle intègre en 2020 le classement des 100 femmes les plus puissantes du monde selon Forbes. (AFP)

 

 

En trois ans comme cheffe du gouvernement, celle que les tabloïds finlandais ont rebaptisé " Sanna la fête " s’est pourtant construit une réputation de Première ministre compétente et sérieuse, qui a su mener la Finlande à travers la pandémie puis sur les chemins de l’Otan.

" Les gens se sont habitués à la voir comme une dirigeante de crise ", souligne l’universitaire Anu Koivunen. " En tant que politicienne, elle est respectée. Elle est à la fois ferme et ouverte à la discussion ", abonde Emilia Palonen, chercheuse en sciences politiques à l’Université d’Helsinki.

Mais son mandat a été émaillé de petites polémiques plus ou moins fondées, là sur un décolleté jugé trop découvrant, ici sur des petits déjeuners à la résidence officielle remboursés par le contribuable.

Plus gênant, elle avait été épinglée en décembre 2021 pour être sortie en boîte de nuit avant qu’on parvienne à l’informer qu’elle était cas contact à la Covid-19.

Une ascension sociale fulgurante
Sous l’impulsion de Sanna Marin, la Finlande a entamé le processus d’adhésion à l’OTAN. (AFP)

 

 

Issue d’un milieu modeste, Sanna Marin était relativement peu connue lorsqu’elle est arrivée – à 34 ans seulement – au poste de Première ministre, après une ascension express.

La jeune femme aux cheveux sombres a grandi dans une petite ville près de Tampere, à l’intérieur des terres du sud de la Finlande. " Dans une famille arc-en-ciel à revenus modestes, qui vivait dans un logement locatif de la municipalité ", selon son propre récit.

" Mes parents ont divorcé à cause des problèmes d’alcool de mon père quand j’étais petite ", a-t-elle raconté sur son blog.

Si son enfance ne fut pas marquée par " l’abondance matérielle ", la jeune Sanna grandit " dans une vie ordinaire, pleine d’amour ".

Elle devient la première de sa famille à aller à l’université, dont elle ressort diplômée d’un master en sciences de l’administration.

Pour financer ses études, elle travaille comme caissière, ce que ses opposants ont par la suite utilisé contre elle.

Quand elle est devenue Première ministre, le quotidien Iltalehti a salué " l’ascension remarquable d’une caissière de magasin jusqu’au sommet de la Finlande ".

Même le ministre estonien de l’Intérieur d’alors, Mart Helme, avait fait polémique en qualifiant la nouvelle cheffe du gouvernement de " fille de la boutique ".

Cette controverse inaugurale avait alors poussé de nombreuses personnalités en Finlande à raconter leur propre ascension depuis des débuts modestes de caissières ou d’employés de ménage.

Élue députée dès 2015, c’est par ses talents pour mener les débats que Sanna Marin commence à se faire connaître un an plus tard.

Dans une vidéo qui avait fait un carton sur les réseaux sociaux, on la voit diriger de main de maître une discussion marathon sur les nouvelles lignes de tram de Tampere, bien que le débat menace en permanence de dérailler du fait d’arguments toujours plus absurdes pour ou contre le tram.

Son professionnalisme avait été salué. " Sanna Marin sait mater le chahut ", avait écrit le Helsingi Sanomat.

Avec AFP

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