Alors que Boris Johnson s’apprête à quitter le 10 Downing Street, son avenir financier semble assuré. En plus de son salaire de député, l’homme politique peut s’attendre à percevoir des rémunérations généreuses à travers la tenue de conférences internationales, comme l’ont fait de nombreux dirigeants britanniques avant lui, dont Theresa May et Tony Blair. De même, la publication de ses Mémoires, s’il se décide à les rédiger, pourrait constituer une substantielle source de revenus. 

Boris Johnson avait été contraint à la démission début juillet, en raison d’une série de scandales qui ont provoqué le départ de plusieurs dizaines de membres de son cabinet. (AFP)

 

 

Boris Johnson, qui entame ses derniers jours comme Premier ministre, n’a guère de souci à se faire pour son avenir: célébrité politique, excellent orateur à la plume souvent féroce et drôle, ses fins de mois paraissent assurées quand il quittera Downing Street.

À 58 ans, il reste pour l’instant député. Et lui qui trouvait parfois que son salaire de Premier ministre (164.000 livres annuelles – 194.000 euros) était insuffisant pour assurer son train de vie, peut devenir multimillionnaire s’il écrit ses mémoires et rejoint le circuit international de conférences, comme l’ont fait avant lui d’autres anciens dirigeants internationaux.

Ses mémoires, s’il se discipline pour les écrire, pourraient lui rapporter des millions.

Et il pourrait gagner environ 100.000 dollars (100.050 euros) par discours aux États-Unis, explique à l’AFP Mark Cowne, patron de l’agence Kruger Cowne, qui représente des " talents " aussi divers que Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple, Richard Branson (groupe Virgin), la chanteuse Cher ou le musicien et activiste Bob Geldof.

Son salaire annuel de député après Downing Street (84.144 livres soit 99.626 euros) fait pâle figure en comparaison.

Une confortable rente financière 

Au Royaume-Uni, il va en revanche " être difficile à vendre ", selon M. Cowne, qui souligne les sentiments contradictoires que suscite Boris Johnson, de quoi refroidir le monde des affaires qui finance en général ces discours très bien payés.

Sur le circuit international, il a été " Premier ministre en même temps que Trump ", résume-t-il. Et c’est " une célébrité ". Mais là aussi, il risque de connaître " des hauts et des bas " en raison des fortes réactions qu’il suscite, selon M. Cowne.

Theresa May, ancienne Première ministre, " n’a pas particulièrement bien marché " aux États-Unis, dit-il aussi, à l’opposé d’un Tony Blair, très connu outre-Atlantique en raison de ses relations avec Bill Clinton et George W. Bush.

Moins charismatique que Boris Johnson, Mme May y est pourtant payée de 38.000 à 80.000 livres par discours depuis qu’elle a quitté Downing Street en 2019, selon le registre des intérêts financiers des députés. Elle en garde 85.000 par an, le reste servant à soutenir ses engagements caritatifs.

Avant d’arriver au pouvoir, M. Johnson était déjà payé en moyenne entre 25.000 et 40.000 livres pour un discours de deux heures. Le Daily Telegraph lui versait à l’époque 22.916 livres par mois pour une chronique hebdomadaire estimée à 10 heures de travail mensuel, selon ce même registre des intérêts financiers des députés.

Un potentiel retour en politique 
Lors de son dernier discours au Parlement britannique, Boris Johnson s’était fendu d’un " hasta la vista " , laissant augurer un potentiel retour en politique. (AFP)

 

 

Le Telegraph a depuis pris ses distances mais le Daily Mail, tabloid fidèle au Premier ministre, lui aurait proposé d’écrire une chronique quand il quittera Downing Street.

À ses moments perdus, Boris Johnson, père de deux très jeunes enfants, avec sa troisième épouse Carrie, 34 ans, pourra aussi écrire le livre sur Shakespeare pour lequel il avait reçu une grosse avance en 2015, et qu’il n’a toujours pas écrit.

À ce jour, il n’a rien dit de ses intentions.

Mais son désormais fameux " hasta la vista " (célèbre réplique d’Arnold Schwarzenegger dans Terminator 2) lors de sa dernière séance de questions à la Chambre le 20 juillet a fait couler beaucoup d’encre. Il avait aussi déclaré " mission accomplie, pour le moment ".

Un signe pour certains qu’il n’aurait peut-être pas dit son dernier mot en politique, lui qui avait annoncé à regret sa démission le 7 juillet après une rébellion de son parti, alors qu’il pensait encore avoir une tâche " colossale " à accomplir.

Avec AFP