Pour la cinquième nuit consécutive, les manifestations se sont étendues en Iran contre la mort de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée par la police des mœurs chargée de faire respecter un code vestimentaire strict pour les femmes, a rapporté mercredi l’agence officielle Irna. Dans des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, des Iraniennes brûlent leurs voiles et se coupent les cheveux en signe de protestation.

Cinq jours depuis le décès de Mahsa Amini, des manifestants sont sortis dans les rues d’une quinzaine de villes d’Iran, bloquant la circulation, incendiant des poubelles et des véhicules de police, lançant des pierres sur les forces de sécurité et scandant des slogans hostiles au pouvoir. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations pour disperser la foule, a précisé l’agence. Deux autres manifestants ont été tués en Iran lors de protestations dans la nuit de mardi à mercredi, selon un groupe de défense des droits humains.

 

 

Des étudiants de l’École polytechnique de Téhéran se heurtent aux forces de sécurité en civil alors qu’ils tentent de prononcer une déclaration dénonçant la mort de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, originaire de la ville kurde de Saghez, qui est décédée à l’hôpital après trois jours de coma, à la suite de son arrestation par la police de Téhéran lors d’une visite dans la capitale. (AFP)

 

Des hommes et des femmes, dont beaucoup avaient ôté leur foulard, se sont rassemblés à Téhéran et dans d’autres grandes villes du pays, notamment à Mashhad (nord-est), Tabriz (nord-ouest), Rasht (nord), Ispahan (centre) et Kish (sud), ajoute l’agence. Le gouverneur du Kurdistan, Ismail Zarei Koosha, a déclaré mardi que trois personnes avaient été tuées lors des manifestations dans la province. Les manifestations semblent désormais s’étendre à l’ensemble du pays, y compris à la ville sainte de Qom, à la ville natale du guide suprême iranien Ali Khamenei – qui s’est exprimé lors d’un événement à Téhéran mais sans aucune mention de manifestations.

Mahsa Amini, âgée de 22 ans et originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest), a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran où elle était en visite avec sa famille, pour " port de vêtements inappropriés " par la police des mœurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique d’Iran pour les femmes. Masha Amini est tombée dans le coma après son arrestation et est décédée le 16 septembre à l’hôpital, selon la télévision d’État et sa famille. En Iran, se couvrir les cheveux est obligatoire en public. La police des mœurs interdit en outre aux femmes de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.

" La Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme par intérim, Nada Al-Nashif, a exprimé aujourd’hui (mardi) son inquiétude face à la mort en détention de Mahsa Amini – détenue par la " police des moeurs " iranienne appliquant des règles strictes sur le hijab, et à la réaction violente des forces de sécurité aux manifestations qui ont suivi ", souligne un communiqué du Haut Commissariat. (AFP)

 

Sa mort a déclenché de violentes protestations ainsi qu’un tollé international. À la suite des condamnations de l’ONU, des États-Unis, de la France et d’autres pays concernant le cas d’Amini et la gestion des protestations par les forces iraniennes, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a condamné mardi soir ce qu’il a qualifié de " positions interventionnistes étrangères ". " Il est regrettable que certains pays tentent de profiter d’un incident faisant l’objet d’une enquête pour poursuivre leurs objectifs et désirs politiques contre le gouvernement et le peuple iraniens ", a-t-il déclaré.

Selon l’association de défense des droits humains Hengaw, six personnes ont été tuées au total depuis le début des manifestations réprimées par la police: deux à Divandareh, et une dans quatre autres villes, Dehgolan, Saqqez, Urmia, et Piranshahr. Le ministre iranien des Télécommunications, Issa Zarepour, a évoqué mercredi la possibilité de restrictions d’accès à Internet dans le pays pendant les manifestations " en raison des problèmes de sécurité ", a-t-il dit, cité par l’agence de presse ISNA.

Avec AFP