De nouvelles manifestations ont éclaté contre le pouvoir à travers le pays, malgré le blocage des réseaux sociaux et la répression implacable pratiquée par les autorités. Samedi soir, un important incendie s’est déclaré dans la tristement célèbre prison d’Evine de Téhéran, qui accueille des prisonniers politiques.

 

 

Des Iraniens sont de nouveau descendus dans la rue samedi pour manifester contre le pouvoir, un mois après le début du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini et réprimé dans le sang, selon des médias et des ONG.

Un important incendie s’est déclaré samedi soir dans la prison d’Evine, dans le nord de Téhéran, et des coups de feu ont été entendus, a rapporté l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, sur fond de manifestations après la mort de Mahsa Amini.

 

 

Des images partagées par IHR sur Twitter montre d’immenses flammes et une épaisse fumée se dégager de la prison, où sont détenus des prisonniers d’opinion, alors que des coups de feu sont entendus.

 

 

D’après l’ONG Human Rights Activists News Agency (HRANA), basée aux Etats-Unis, plus de 5.500 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations, parmi lesquelles plusieurs centaines ont été incarcérées dans la prison d’Evine.

En août 2021, un groupe de pirates informatiques avait mis en ligne des vidéos montrant des gardiens de la prison d’Evine, en train de battre ou de maltraiter des détenus.

 

 

Le chef de l’Organisation pénitentiaire du pays, Mohammad-Mehdi Hadj-Mohammadi avait reconnu des " comportements inacceptables " dans ses services après la publication de ces vidéos.

L’Iran se défend régulièrement contre des rapports de l’ONU ou d’organisations internationales de défense des droits de l’Homme critiquant son administration pénitentiaire pour de mauvais traitements infligés à des prisonniers.

 

 

 

Malgré les fortes perturbations de l’Internet et le blocage par les autorités d’Instagram et WhatsApp, des Iraniens se sont rassemblés samedi dans les rues d’Ardabil, dans le nord-ouest du pays, selon des vidéos partagées sur Twitter.

 

 

Des commerçants se sont mis en grève à Saghez, la ville natale de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan (nord-ouest), et à Mahabad (nord), d’après le média en ligne 1500tasvir, qui recense les violations des droits humains.

" Des écolières dans le village de Ney à Marivan (ouest) ont provoqué des feux dans la rue et crié des chants antigouvernementaux ", a indiqué Hengaw, un groupe de défense des droits des Kurdes d’Iran basé en Norvège.

 

 

Des jeunes ont également manifesté dans les universités de Téhéran, d’Ispahan (sud) et de Kermanshah (nord-ouest), selon des images partagées en ligne.

Une répression sanglante 

Les manifestants répondaient à un appel de militants à des protestations massives sous le slogan " Le début de la fin! " du pouvoir.

Ces militants ont encouragé les Iraniens à manifester dans des endroits où les forces de sécurité ne sont pas présentes et à scander " Mort au dictateur ", en référence au guide suprême Ali Khamenei.

 

 

Face à ces manifestations, le Conseil islamique de coordination du développement, un organisme officiel, a appelé les Iraniens à dire dans les mosquées, après la prière du soir samedi, " leur colère contre les émeutiers et la sédition ".

Des " retraités " des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, se sont par ailleurs rassemblés samedi, selon le journal réformateur Shargh.

Lors du rassemblement, un commandant des Gardiens a déclaré que trois membres de sa milice paramilitaire Bassidj ont été tués et 850 blessés à Téhéran depuis le début de la " sédition ", a rapporté l’agence de presse officielle Irna.

 

 

La contestation, entrée dans sa cinquième semaine, a suscité des rassemblements de solidarité à l’étranger et la répression, qui a fait plus de 100 morts selon des ONG, a été condamnée par la communauté internationale.

Au moins 108 personnes ont été tuées dans la répression, selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. Amnesty International a affirmé qu’au moins 23 enfants de 11 à 17 ans avaient été " tués par les forces de sécurité ". Et des centaines de personnes ont été arrêtées.

 

 

Une condamnation internationale

Vendredi, le président américain Joe Biden, dont le pays est ennemi juré de l’Iran, a affirmé se tenir " aux côtés des courageuses femmes d’Iran ", appelant le pouvoir à " mettre fin à la violence contre ses citoyens ".

Les dirigeants iraniens accusent les États-Unis de déstabiliser leur pays en fomentant des " émeutes ".

 

 

Alors que l’Union européenne s’apprête à imposer lundi des sanctions à l’Iran, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a appelé l’UE à adopter une " approche réaliste ".

Il a également fustigé vendredi une politique de deux poids, deux mesures: " Qui aurait cru que la mort d’une seule fille serait aussi importante pour les Occidentaux ? Qu’ont-ils fait concernant les centaines de milliers de martyrs et de morts en Irak, en Afghanistan, en Syrie et au Liban ? ".

Les manifestations en Iran sont les plus importantes depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence dans ce pays riche en pétrole.

Avec AFP