Pionnière de la " diplomatie féministe ", la Suède a annoncé mettre un terme à ce concept de politique étrangère, le nouveau gouvernement de droite estimant cette appellation " contre-productive ". Le bilan de cette politique reste maigre, mais avait été copié par plusieurs pays à travers le monde et suscité des brouilles diplomatiques avec des pays du Moyen-Orient. 

Le nouveau gouvernement suédois a rompu avec la parité, comptant treize hommes et onze femmes. (AFP)

 

 

Le nouveau gouvernement suédois de droite a annoncé mardi mettre un terme à la " diplomatie féministe " dont le pays nordique avait été le pionnier en 2014, jugeant " l’étiquette " contre-productive.

Le jour même de la formation du premier gouvernement à s’appuyer sur une majorité incluant l’extrême droite, le nouveau ministre suédois des Affaires étrangères a annoncé l’enterrement de ce concept, qui avait été copié par plusieurs pays mais suscité des brouilles diplomatiques, notamment au Moyen-Orient.

" L’égalité des genres est une valeur fondamentale en Suède et aussi une valeur fondamentale pour ce gouvernement ", a affirmé M. Billström dans une interview à l’agence suédoise TT.

" Mais nous n’allons pas employer l’expression " politique étrangère féministe " parce que les étiquettes ont eu une fâcheuse tendance à l’emporter sur le fond ", a déclaré le nouveau ministre, peu après sa prise de fonctions.

Les différentes publications en ligne sur le sujet ont commencé à être retirées du site du ministère mardi après-midi.

Membre du parti conservateur des Modérés du nouveau Premier ministre Ulf Kristersson, Tobias Billström, ancien ministre de l’Immigration (2006-2014) a assuré qu’il mènerait les autres dossiers diplomatiques dans la continuité, notamment sur l’adhésion à l’Otan.

Un concept controversé 

La " diplomatie féministe " avait été lancée en 2014 par le gouvernement social-démocrate suédois et la ministre des Affaires étrangères de l’époque Margot Wallström.

La ministre des Affaires étrangères Margot Wallström avait lancé en 2014 le concept de " diplomatie féministe " (AFP)

 

 

La politique officielle se voulait " une réponse à la discrimination et à la subordination systématique qui caractérise le quotidien d’innombrables filles et femmes à travers le monde ".

En 2015, des déclarations critiques de Mme Wallström sur les droits des femmes en Arabie Saoudite avaient entraîné le rappel de l’ambassadeur saoudien à Stockholm.

Le bilan de la politique reste difficile à établir. Dans un document publié en 2018, Stockholm citait l’adoption d’une loi en Moldavie sur la représentation minimale des femmes inspirée du droit suédois, ou encore l’inclusion des principes d’égalité entre hommes et femmes dans l’accord de paix signé en 2016 en Colombie.

Depuis 2019 et le départ de Mme Wallström du ministère, la Suède avait déjà beaucoup réduit l’affichage de ce concept.

Le nouveau gouvernement suédois présenté mardi par Ulf Kristersson n’est lui plus paritaire, avec 13 hommes et 11 femmes.

Un gouvernement avec quelques nouveautés 
Parmi les réussites de la diplomatie féministe, on peut compter l’inclusion des principes d’égalité entre hommes et femmes dans l’accord de paix signé en 2016 en Colombie entre le gouvernement et les FARC. (AFP)

 

 

Au pays de Greta Thunberg, une ministre du Climat de 26 ans est devenue la plus jeune titulaire d’un ministère dans l’histoire du pays nordique.

Romina Pourmokhtari, née en novembre 1995, est membre du parti Libéral de centre droit dont elle dirigeait jusqu’à récemment la branche de jeunesse. Elle y avait proposé en 2020 une taxe sur la viande pour le climat.

Son portefeuille perd toutefois son rang de ministère de plein exercice et se retrouve placé sous la tutelle de la cheffe du parti Chrétien-démocrate Ebba Busch, vice-Première ministre et ministre de l’Économie et de l’Énergie.

Principale innovation du nouveau gouvernement, dans un contexte de vives tensions avec la Russie: la création d’un ministère de la " défense civile ", en plus du traditionnel portefeuille de la Défense.

L’exécutif mêle des postes du parti conservateur des Modérés (12 maroquins, plus celui de Premier ministre), des Chrétiens-démocrates (6) et des Libéraux (5).

Mais pas des SD de Jimmie Åkesson, qui font seulement partie de la majorité au Parlement. Le parti anti-immigration aura toutefois des membres de cabinet au secrétariat général du gouvernement pour coordonner la politique.

Avec AFP