Des militants iraniens arrêtés dans le cadre de la répression des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini ont actuellement des contacts limités avec l’extérieur et risquent d’être torturés, voire de mourir en détention, alertent des ONG.
The moment #HosseinRonaghi, human right activist got kidnapped in the middle of the street. He’s shouting " I’m not going, I’m on my way to court, I’m not going… " He’s been in prison since mid September. They’ve broken both his legs. His family confirmed He can barely talk. pic.twitter.com/yVkqtU83tQ
— Hadis (@Hadis30157146) October 19, 2022
Ces derniers jours, des images choquantes de l’arrestation du défenseur de la liberté d’expression Hossein Ronaghi ont émergé, le montrant immobilisé par une prise d’étranglement et emmené de force alors qu’il se présentait au bureau des procureurs en septembre.
Depuis son arrestation le 24 septembre, ce critique acharné de la République islamique, contributeur du Wall Street Journal, est détenu à la prison d’Evine à Téhéran. Selon sa famille, il souffre de fractures aux deux jambes et risque de mourir en détention à cause de problèmes rénaux.
This is Wall Street Journal Contributor Hossein Ronaghi being savagely beaten by security forces & now suffers in Evin prison in Iran.
He always criticized Islamic Republic, @NIACouncil and #IranLoby outside Iran.
The regime broke both his leg & intends to kill him.#MahsaAmini pic.twitter.com/OwipZeqYAa— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) October 19, 2022
Après l’incendie qui s’est déclaré dans la prison le 15 octobre, Hossein Ronaghi a " brièvement appelé sa mère mais arrivait à peine à parler à cause de son état de santé dégradé ", a écrit son frère Hassan Ronaghi sur Twitter. " La vie de Hossein est en danger ", a-t-il tweeté mercredi.
– " Risque de torture " –
Comme lui, des militants des droits humains de premier plan, des journalistes et des avocats ont été arrêtés et leurs soutiens craignent qu’ils ne ressortent pas en vie de la prison d’Evine, où la plupart des prisonniers politiques sont détenus, selon des ONG.
L’incendie de la prison, qui a fait huit morts selon les autorités, n’a fait qu’amplifier les inquiétudes pour leur état de santé. Des militants ont accusé les autorités d’avoir lancé des gaz lacrymogènes et tiré des billes d’acier dans la prison.
Ghazaleh’s last words before being shut by the Islamic Republic forces are " Stay Strong, We’re All Together ".
This is the courage witnessed in Iran. And this is the level of brutality the regime is using against the Iranians who are fighting for their freedom. #MahsaAmini https://t.co/JFGZMnTPKF
— Hichkas (@HichkasOfficial) October 21, 2022
" Les détenus, souvent victimes de disparitions forcées, courent un grave risque d’être torturés et de mourir. Une action urgente de la communauté internationale est cruciale à ce stade ", plaide Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d’Iran Human Rights (IHR).
Selon cette ONG basée à Oslo, des milliers de personnes ont été arrêtées dans le pays pendant la répression, dont au moins 36 journalistes, 170 étudiants, 14 avocats et plus de 580 militants de la société civile, notamment des ouvriers et des responsables de syndicats d’enseignants.
Roya Boroumand, directrice de l’Abdorrahman Boroumand Center, une ONG basée à Washington, a affirmé à l’AFP que la situation s’était aggravée avec l’afflux de nouveaux prisonniers incarcérés à Evine et à la prison de Fashafouyeh.
Hey Khamenei, hope you enjoy.
ABCDE F_U
By LUNIKA 💘✌🏼#MahsaAmini #IranRevoIution pic.twitter.com/kjO0ufTdKr— From : Iran (@from____Iran) October 20, 2022
" Nous sommes très inquiets " pour les prisonniers qui " n’ont pas d’autre choix que de rester assis ou dormir à tour de rôle, à cause du manque de place ", selon elle.
Selon des analystes, les arrestations de masse sont l’une des principales stratégies des autorités sous la houlette de l’ayatollah Ali Khamenei, pour combattre les manifestations qui représentent l’un des plus grands défis pour le pouvoir en place depuis la Révolution islamique de 1979.
Amnesty International a appelé cette semaine à des contrôles indépendants " pour protéger les prisonniers de davantage d’exécutions illégales, de tortures et de mauvais traitements ".
Le militant Majid Tavakoli, emprisonné à plusieurs reprises, notamment après des élections contestées en 2009, reste détenu depuis son arrestation le 23 septembre.
روزی نیست که آخرین ویدئوی #حسین_رونقی توی مغزم پلی نشه … #HosseinRonaghi is being tortured in the prison of the Islamic Republic of Iran because of his civil activities. He has lost his kidney, both his legs are broken and his life is in danger.
Where is justice? pic.twitter.com/LemAXslhv3
— 🕊️ (@Mahyyam) October 17, 2022
Sa famille indique n’avoir plus de nouvelles de lui depuis l’incendie à Evine.
" Pourquoi une personne dont le seul outil est son cerveau ne peut pas être libre? Penser, est-ce un crime? ", s’est interrogée son épouse sur Twitter.
Arash Sadeghi, libéré en mai après plusieurs années de prison et souffrant de chondrosarcome, un rare type de cancer des os, a été de nouveau emprisonné à Evine le 12 octobre.
Son père a partagé sur Twitter une photo d’une dizaine de boîtes de médicaments dont il a besoin.
این فیلم #حسین_رونقی چقدر جیگرم رو خون کرد! اما تصویر واقعی حسین رونقیه! تسلیم ناپذیر و شجاع ! هیچ دیکتاتوری حریف این همه شجاعت نمیشه! pic.twitter.com/84S94fW61Q
— A.Pouria ممد پوری (@mamadporii) October 19, 2022
Selon IHR, certains détenus ont fait des " aveux télévisés, sous la contrainte et la torture ".
Des prisonniers ont " attesté avoir été sévèrement battus, torturés pendant les interrogatoires et privés de nourriture et d’eau potable ", a déclaré Roya Boroumand. " Les détenus restent avec des plombs de fusils et des membres brisés, sans soins médicaux. "