Des centaines de personnes sont descendues ce dimanche dans la rue dans la ville de Soueida pour protester contre la vie chère. Un manifestant et un policier ont été tués dimanche dans le sud de la Syrie après que les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants, une première dans cette ville qui ne s’est que peu investie dans la révolution contre le régime en 2011.

Des centaines de personnes sont descendues dans la rue dans la ville de Soueida, avant que des manifestants en colère ne prennent d’assaut le bâtiment du gouvernorat, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les forces du régime syrien chargées de le protéger ont ouvert le feu pour les disperser, a ajouté cette ONG, basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Une photo publiée par le site d’information " Suwayda 24 " montre de la fumée s’échappant lors d’un rassemblement pour protester contre la détérioration des conditions de vie devant le bâtiment du gouvernorat de Soueida. (AFP)
" Chute du régime "

" Au moins un manifestant et un officier de police ont été tués ", a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Selon lui, les manifestants ont aussi " arraché une grande photo du président Bachar al-Assad accrochée sur la façade " du bâtiment. La chaîne d’information locale " Suwayda 24 " a confirmé les deux décès, ajoutant que quatre blessés ont été transportés à l’hôpital.

Cette chaîne a diffusé des images montrant des dizaines de personnes scandant " Le peuple veut la chute du régime " devant les bureaux du gouverneur. Sur d’autres prises de vue, on voit un véhicule militaire blindé en feu et on entend des coups de feu nourris. Le pouvoir syrien est présent dans la province de Soueida par le biais d’institutions officielles et de centres de sécurité, protégés par des forces de sécurité. L’armée est déployée à proximité des bureaux du gouverneur.

Le ministère de l’Intérieur a accusé " un groupe de hors-la-loi " d’avoir tué un policier en tentant de s’introduire dans le quartier général de la police. Certains " portaient des armes ", selon le ministère de l’Intérieur, qui a dit vouloir " prendre toutes les mesures légales contre toute personne essayant de porter atteinte à la sécurité et la stabilité du gouvernorat et à la sécurité des citoyens ".

Les manifestants protestent contre une flambée des prix due à une dégringolade inédite de la livre syrienne face au billet vert sur le marché parallèle. (AFP)
" Hors-la-loi "

La télévision d’Etat a annoncé que " des hors-la-loi ont pris d’assaut le bâtiment du gouvernorat et brûlé des dossiers " sans plus de détails. Ces derniers jours, le gouvernement syrien a décidé de plusieurs mesures d’austérité, dont un rationnement accru de l’électricité. Le pays subit en outre des pénuries de carburant. Selon les Nations unies, 90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté et 12,4 millions d’habitants souffrent d’insécurité alimentaire.

La province et le chef-lieu de Soueida, majoritairement peuplés de Druzes, sont restés relativement à l’abri des combats depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, à l’exception d’attaques menées par les rebelles en 2013 et 2015 et d’un assaut du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en 2018, ayant tué plus de 280 personnes. Si certains membres de la minorité druze ont rejoint l’opposition au début du conflit, d’autres soutiennent toujours le régime de Bachar al-Assad.

Maxime Pluvinet avec AFP