Près de trois mois après le début du mouvement de contestation, les manifestations se poursuivent en Iran, alors que les magasins restent clos depuis trois jours en raison de la grève. Ces manifestations interviennent alors que le pays célèbre la Journée des étudiants, en l’honneur de trois étudiants tués sous le régime du chah.

Des étudiants ont manifesté et boycotté les cours mercredi en Iran, pays confronté depuis près de trois mois à un mouvement de contestation, selon des ONG, après avoir reçu un soutien implicite de l’ancien président réformateur Khatami.

Le magazine Time a sacré les " Femmes de l’Iran " comme " Héroïnes de l’année " dans son dernier numéro, abondamment illustré par des photos de Forough Alaei.

 

Alors que des magasins restaient clos par ailleurs pour le 3e jour de grève consécutif, des étudiants ont défilé et scandé des messages de protestation à travers le pays, parfois malgré une forte présence des forces de sécurité, selon des vidéos mises en ligne par des militants et des groupes de défense des droits humains.

" Tremblez, tremblez, nous sommes tous ensemble ", ont ainsi clamé des étudiants à l’Université de technologie Amirkabir de Téhéran, dans une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.

Certaines organisations de jeunesse avaient appelé à transformer mercredi la Journée des étudiants, qui commémore la mort en 1953 de trois étudiants tués par les forces de sécurité du chah d’Iran, en " Journée de terreur pour l’État ".

Le cri de ralliement des protestataires adopté après la mort de Mahsa Amini, " Femme, vie, liberté ", a été repris dans des manifestations à l’étranger, avant d’être salué mardi par un ancien président, Mohammad Khatami (1997-2005), principale figure des réformateurs.

Khatami, 79 ans, a estimé que ce slogan était " un beau message montrant une progression vers un avenir meilleur " et jugé que " sécurité et liberté n’étaient pas contradictoires ".

" Atmosphère d’émeute "

Les autorités iraniennes, qui ont eu du mal à contenir les manifestations, les décrivent comme des " émeutes " fomentées de l’étranger et notamment par l’ennemi juré de l’Iran, les États-Unis, ainsi que leurs alliés, comme la Grande-Bretagne et Israël.

En visite sur un campus de Téhéran pour la Journée des Étudiants, le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi a salué l’attitude des " étudiants perspicaces qui n’ont pas permis qu’il y ait à l’université une atmosphère d’émeute ".

Il a accusé " les ennemis de chercher à rendre les universités peu sûres ", appelant les étudiants à " déployer tous les efforts pour donner de l’espoir aux gens ".

De son côté, BBC Persian, basée en Grande-Bretagne, a publié des images semblant montrer des étudiants protestants contre la présence du président Raïssi à l’Université de Téhéran, avant d’être repoussés par les forces de sécurité.

Parallèlement au mouvement étudiant, des magasins sont restés fermés mercredi dans différentes villes, après qu’un appel à la grève a été lancé pour trois jours à partir de lundi.

IHR a partagé des vidéos de magasins fermés à Téhéran, Qazvin, à l’ouest de la capitale, dans la ville septentrionale de Rasht et à Divandarreh, dans la province natale d’Amini, le Kurdistan.

La répression du mouvement a déjà fait au moins 448 morts, selon un bilan établi le 29 novembre par cette ONG basée à Oslo.

Les autorités ont arrêté des milliers de personnes et fait état de la mort de quelque 300 personnes. Onze personnes ont aussi été condamnées à mort dans des procès liés aux manifestations.

Un député iranien, Hossein Jalali, a par ailleurs proposé de menacer les femmes qui refuseraient de porter le voile d’un blocage de leurs comptes bancaires.

Mais le gouverneur de la banque centrale, Ali Saleh-Abadi, a rejeté cette suggestion, affirmant que le réseau bancaire, " comme toujours, offrirait tous ses services à tous ses compatriotes ", a rapporté l’agence de presse Mehr.

Avec AFP