Toujours en détention suite à la découverte de preuves flagrantes à son domicile dans une affaire de corruption au sein du Parlement européen, Eva Kaili a clamé son innocence devant les enquêteurs. Selon son avocat, l’eurodéputée grecque n’a " aucun rapport avec l’argent retrouvé à son domicile "…

Des images mises à disposition par la police judiciaire fédérale belge le 14 décembre 2022 montrent plusieurs centaines de milliers d’euros trouvés dans une chambre d’hôtel.

L’eurodéputée grecque Eva Kaili, mise en cause dans un retentissant scandale de corruption présumée impliquant le Qatar, restait en détention mercredi après le report de sa comparution devant la justice au 22 décembre.

L’élue, déchue de son poste de vice-présidente du Parlement européen, a clamé son innocence par la voix d’un de ses avocats à Athènes, assurant ignorer l’existence des sacs de billets de banque retrouvés à son domicile bruxellois par les enquêteurs.

Interpellée vendredi dans la capitale belge, l’élue âgée de 44 ans est soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts de cet émirat qui accueille actuellement le Mondial de football.

Les trois autres suspects écroués depuis dimanche dans cette affaire, dont l’ancien eurodéputé Pier-Antonio Panzeri et Francesco Giorgi, le compagnon d’Eva Kaili, ont comparu mercredi devant la chambre du conseil de Bruxelles qui doit décider dans la journée s’ils restent ou non en détention.

" L’affaire a été disjointe " pour Mme Kaili, qui n’a pu être présente au tribunal mercredi en raison d’un mouvement de grève en prison, a expliqué son avocat bruxellois, André Risopoulos. Il a été convenu à la demande de la défense de reporter sa comparution au 22 décembre, a-t-il ajouté, sans autres précisions.

Les avocats quittent le tribunal de Bruxelles après les audiences dans l’affaire de l’ancienne vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili (AFP)

Son autre avocat à Athènes, Michalis Dimitrakopoulos, a déclaré dans un entretien avec l’AFP qu’elle était " innocente ".

Eva Kaili n’a " aucun rapport avec l’argent retrouvé à son domicile (…), elle ne connaissait pas l’existence de cet argent ", a-t-il assuré.

Des sacs remplis de billets d’une valeur de 150.000 euros ont été découverts dans son appartement à Bruxelles, selon une source judiciaire belge.

Le juriste, qui a dit s’être entretenu à plusieurs reprises au téléphone avec sa cliente en détention, a souligné que " seul son compagnon ", avec qui elle vivait, pouvait fournir " des réponses sur l’existence de cet argent ".

L’avocat d’Eva Kaili a assuré qu’elle n’avait accepté aucun " pot-de-vin du Qatar ". (AFP)

Le père de la responsable politique a pour sa part été surpris avec une valise contenant 750.000 euros en liquide.

Enfin, 600.000 euros ont été saisis au domicile de Pier-Antonio Panzeri, un ancien eurodéputé socialiste italien désormais à la tête d’une ONG à Bruxelles.

" Faute grave "

Le Qatar a fermement démenti les accusations, mais une source judiciaire en Belgique a confirmé à l’AFP que ce pays était bien soupçonné par les enquêteurs belges.

Devant ce scandale qui menace sa crédibilité, le Parlement européen a déchu mardi l’élue grecque de sa fonction de vice-présidente.

Cette sanction pour " faute grave " a été approuvée à la quasi-unanimité des eurodéputés présents à Strasbourg, soit 625 votes favorables sur 628 exprimés.

Eva Kaili, membre du Parlement européen depuis 2014 après avoir été députée du Parlement grec (Vouli) entre 2007 et 2012, occupait depuis onze mois seulement l’une des 14 vice-présidences du Parlement.

Selon des sources au sein du Pasok-Kinal, la direction de cette formation politique, déjà ébranlée dans son histoire par des affaires de corruption, fait également pression sur Eva Kaili pour qu’elle renonce à son siège de députée européenne.

Le bureau de l’eurodéputée a été mis sous scellés à Strasbourg.

Le dirigeant du Pasok-Kinal, également eurodéputé, Nikos Androulakis a proposé mardi devant l’assemblée plénière du Parlement européen la création d' "un organe spécial chargé d’examiner les actifs des députés européens et la manière dont ils ont été acquis ".

Cette affaire a également provoqué une onde de choc en Grèce, gangrénée par les affaires et les soupçons de corruption, suscitant le ras-le-bol de la population.

De nombreux Grecs ont exprimé leur honte de voir cette ancienne présentatrice de la chaîne de télévision Mega impliquée dans un tel scandale.

Dès lundi, l’Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent avait gelé tous les avoirs de la députée européenne et de ses proches.

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, resté muet depuis les révélations sur ce vaste scandale, doit retrouver ses pairs ce mercredi à Bruxelles pour un sommet des Vingt-Sept avec les dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Avec AFP