" Suppléant ": le titre révélateur du livre du prince Harry renvoie directement à la dure réalité d’une place définie par la hiérarchie au sein de la famille royale, souvent à l’origine de crises.

L’histoire a montré que celui ou celle qui venait après l’héritier de la couronne, le " suppléant " de la famille royale, se retrouve soulagé du poids de cette responsabilité, mais toujours dans l’ombre peut se muer en électron libre. Fils cadet de Charles, devenu roi en septembre, et de la défunte princesse Diana, Harry est né en 1984, deux ans après le prince William. Il se raconte dans ses mémoires déjà controversées, intitulées " Suppléant " (Spare en anglais).

Vétéran fêtard

Il s’est attiré une réputation de fêtard, reconnaissant dans ses mémoires qui sortent le 10 janvier qu’il avait consommé cannabis et cocaïne. Malgré, ou peut-être à cause de son naturel difficile, Harry est resté populaire auprès d’une partie du public, qui a en mémoire l’image du garçon de 12 ans derrière le cercueil de sa mère.

Cette popularité a augmenté pendant ses 10 années passées dans l’armée britannique qui l’ont conduit à deux reprises en Afghanistan. La naissance des enfants de William l’a vu reculer dans l’ordre de succession au trône (cinquième actuellement), mais il avait néanmoins conservé un rôle central.

Après son mariage en 2018 avec l’actrice américaine Meghan Markle, les relations avec sa famille se sont détériorées jusqu’à l’annonce il y a trois ans de la mise en retrait du couple de la monarchie et son départ aux États-Unis. L’étalage de ses difficultés a coïncidé avec la chute du soutien dont il bénéficiait au Royaume-Uni.

Les princes William et Harry accompagnés de leurs épouses, respectivement Kate Middleton et Meghan Markle. (AFP)
" Prince playboy "

Deuxième fils d’Elizabeth II et oncle d’Harry, Andrew a pris la place de la princesse Anne dans la ligne de succession lors de sa naissance en 1960. Vu comme un " prince playboy ", il a servi pendant la guerre des Malouines en 1982 en tant que pilote d’hélicoptère, ce qui lui a valu une certaine aura. Celle-ci a volé en éclats quand a éclaté au grand jour son amitié avec le pédophile américain Jeffrey Epstein.

Le duc d’York, âgé de 62 ans, a quasi disparu de la scène publique depuis qu’il a dû verser des millions pour éviter un procès pour agressions sexuelles. Lors des obsèques de sa mère en septembre, il a notamment été hué. Souvent décrit comme le " fils préféré " de la reine, celle-ci l’a privé de ses titres militaires et parrainages, et selon les commentateurs royaux, Charles entend rendre ce retrait définitif.

Là où la reine a hérité de la dévotion de son père George VI à la tâche qui l’attendait, sa sœur Margaret était plus libre de faire la fête. Née en 1930, elle a apporté du glamour dans les années 1960, fréquentant le monde des acteurs, des musiciens, et menait une vie bohème. Elle souhaitait se marier avec l’écuyer de son père, mais l’union a été empêchée car il était divorcé. Elle a finalement épousé un photographe, Antony Armstrong-Jones, avant d’avoir une longue liaison avec un jeune expert du jardinage.

Deux universitaires qui ont écrit sur la famille royale donnent leur point de vue sur l’impact des révélations dans l’autobiographie à paraître du prince Harry, " Le Suppléant ". (AFP)
Santé déclinante

La santé de Margaret, qui fumait et buvait, a décliné jusqu’à sa mort en 2002, à l’âge de 71 ans. Deuxième fils du roi George V, le jeune prince Albert d’York n’était pas destiné à régner. Mais son frère aîné le roi Edward VIII a abdiqué après quelques mois de règne pour se marier avec l’américaine Wallis Simpson, deux fois divorcée, en 1936. Timide, bègue, comme raconté dans le film " Le Discours d’un Roi ", George est mort en 1952 à l’âge de 56 ans d’une thrombose coronarienne.

Le deuxième fils du roi Edward VIII est né en 1865 et a fondé la maison Windsor, synonyme de modernisation de la monarchie. Il n’est devenu héritier qu’à la mort de son frère à l’âge de 28 ans lors d’une épidémie de grippe en 1892. Il a régné de 1910 jusqu’à sa mort en 1936, coupant les liens avec la royauté allemande pendant la Première Guerre mondiale et a cherché à rapprocher la monarchie des Britanniques.

Maxime Pluvinet avec AFP