Le président Joe Biden est arrivé dimanche à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, confrontée à des arrivées records de migrants, et qu’il visite pour la première fois depuis le début de son mandat.

On dirait un paysage frontalier au Moyen-Orient ou en Afrique. Mais on est à la frontière américano-mexicaine, plus exactement au Texas, à El Paso. Des " Humvees " blindés de la Garde nationale texane patrouillent en longeant le Rio Grande. Les autorités frontalières américaines ont arrêté plus de 2,5 millions de migrants en 2022, le nombre le plus élevé jamais enregistré. (AFP)

Le dirigeant américain, accusé par l’opposition républicaine de fermer les yeux sur cette crise, rencontre des agents de la police aux frontières dans la ville texane d’El Paso, pour tenter de s’attaquer à un point faible de son bilan.

La visite de Joe Biden à la frontière sud des États-Unis est la première étape d’un déplacement de trois jours, centré sur les questions migratoires et le trafic de drogue, qui le conduira ensuite à Mexico.

Le président Biden visitant le mur frontalier, alors que de l’autre côté, des gardes-frontières mexicains surveillent les environs à la recherche de migrants clandestins.

Dans la capitale mexicaine, le président américain participera à un sommet avec son homologue mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador et le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Le président américain est accompagné par son ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, qui a appelé dimanche sur ABC à une " solution régionale " à la crise migratoire.

La Maison-Blanche avait déjà annoncé jeudi des mesures pour tenter de soulager la frontière, où plus de 230.000 arrestations ont encore été enregistrées en novembre.

Joe Biden a été accueilli à sa sortie de l’avion par le très conservateur gouverneur du Texas Greg Abbott, qui accuse le démocrate d’avoir transformé la frontière en passoire, en refusant les crédits permettant de poursuivre la construction du mur frontalier.

Jusqu’à 30.000 migrants seront autorisés chaque mois à entrer aux Etats-Unis en provenance de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, mais ils devront arriver par avion pour ne pas ajouter à la charge de travail des garde-frontières au sol.

En revanche, ceux qui franchiront illégalement la frontière seront plus facilement refoulés, selon l’exécutif américain.

Ces annonces ont été critiquées autant par la droite, qui l’accuse régulièrement de laxisme sur le sujet, que par des associations de défense des droits humains, qui lui reprochent de s’en prendre au droit d’asile.

Le fléau du Fentanyl

Le déplacement de Joe Biden dans la région sera par ailleurs marqué par la tragédie du fentanyl, une drogue de synthèse 50 fois plus puissante que l’héroïne, dont la production et le trafic sont contrôlés par les cartels mexicains avec des précurseurs chimiques provenant de Chine, selon la Drug Enforcement Administration (DEA).

Près des deux tiers des 108.000 décès par overdose enregistrés aux Etats-Unis en 2021 concernaient des opioïdes de synthèse. Et la quantité de Fentanyl saisie pour la seule année 2022 est supérieure à celle qui serait nécessaire pour tuer l’ensemble de la population américaine, selon la DEA.

Produit au Mexique, le Fentanyl provoque de nombreuses overdoses partout aux États-Unis (AFP)

Avant l’arrivée de Biden, le Mexique a procédé à la capture jeudi d’Ovidio Guzman, l’un des plus gros trafiquants de méthamphétamine, au cours d’une opération qui a fait 10 morts parmi les forces de l’ordre et 19 parmi les membres du gang de Sinaloa.

" Lorsqu’il y a ce genre de réunions, une constante est que les autorités mexicaines ont toujours quelque chose à offrir, tôt ou tard ", estime l’expert en sécurité Ricardo Marquez, selon lequel cette arrestation n’affecte pas la structure du cartel de Sinaloa, dont les réseaux s’étendent à 50 pays.

Pourtant, Etats-Unis et Mexique ont annoncé en 2021 un changement d’approche dans leur politique anti-drogue, se concentrant sur les causes du trafic après 15 années de stratégie uniquement militaire.

Quelque 340.000 personnes sont décédées de mort violente au Mexique depuis le déploiement en 2006 de l’armée pour combattre les cartels de la drogue.

Au milieu de ce bain de sang, le gouvernement mexicain a intenté deux procès contre l’industrie des armes aux Etats-Unis, qu’il accuse d’alimenter la violence des narcotrafiquants sur son territoire.

Le changement climatique sera également au menu des discussions, les deux pays ayant annoncé à la COP 27 un projet d’énergie renouvelable de 48 milliards de dollars d’investissement au cours duquel le Mexique s’est engagé à renforcer ses efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La nécessité de développer des chaînes d’approvisionnement en composants électroniques afin de réduire la dépendance de Washington vis-à-vis de l’Asie sera aussi au coeur des échanges.

Avec AFP