L’un des proches conseillers du président Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a appelé la Russie et l’Ukraine à s’entendre sur des " cessez-le-feu localisés ", apportant la médiation turque pour ce faire. Depuis le début du conflit le 24 février, la Turquie, membre de l’Otan, est parvenue à maintenir de bonnes relations avec les deux belligérants.

Pour Ibrahim Kalin, ni la Russie ni l’Ukraine " n’est en situation de l’emporter militairement ". (AFP)

La Turquie est plus que jamais prête à offrir sa médiation à Kiev et Moscou pour sortir de la guerre et à promouvoir si besoin des accords de " cessez-le-feu localisés " en attendant un moment plus favorable à un large accord de paix.

Telle est la proposition avancée samedi par l’un des proches conseillers du président Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, pour lequel ni la Russie ni l’Ukraine " n’est en situation de l’emporter militairement ".

" Peut-être que, d’ici un mois ou deux, nous aurons de meilleures chances mais d’ici là, la Turquie entend pousser en faveur de cessez-le-feu locaux et d’une désescalade à petite échelle ", a expliqué Ibrahim Kalin, qui est aussi le porte-parole de la présidence turque, devant des médias internationaux dont l’AFP.

" Pour le moment, aucune des deux parties ne veut cesser de se battre, mais nous nous devons de continuer de les y appeler ", a-t-il estimé, convaincu qu' "à la fin, elles devront négocier pour parvenir à une issue acceptable " pour tous.

Depuis le début du conflit le 24 février, la Turquie, membre de l’Otan, est parvenue à maintenir de bonnes relations avec les deux belligérants et offre sa médiation pour mettre fin à la guerre, " le pire défi international depuis la Deuxième Guerre mondiale ", a insisté M. Kalin.

" Nous avons déjà remporté quelques succès ", a-t-il fait valoir, mentionnant l’accord signé l’été dernier sur les exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire via le Bosphore (près de 18 millions de tonnes exportées à ce jour) et la facilitation d’échanges de prisonniers de guerre.

Une " nouvelle architecture internationale "
Pour M. Kalin, la guerre est " le pire défi international depuis la Deuxième Guerre mondiale " (AFP)

" Mais ce n’est pas assez (…), seulement une petite partie d’un puzzle bien plus large ", a admis M. Kalin tandis que le président Erdogan continue de régulièrement s’entretenir avec les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.

Il a par ailleurs rencontré M. Poutine à quatre reprises depuis le début de la guerre.

Pour M. Kalin, tout accord de paix devra être " plus large " qu’un accord n’impliquant que le seul duo Russie-Ukraine en associant autour de la table, outre les deux belligérants, les " principaux acteurs " internationaux comme les États-Unis et l’Union européenne.

" La Russie veut être respectée en tant qu’acteur majeur et obtenir des garanties de sécurité, notamment que l’Otan n’entrera pas dans son arrière-cour ", a-t-il avancé. Tandis que " l’Ukraine n’intègrerait pas l’Otan mais recevrait elle aussi des garanties de sécurité à ses frontières ".

" La Russie souhaite une nouvelle architecture internationale ", juge M. Kalin ; " la guerre ne peut pas prendre fin selon les termes des grandes puissances (occidentales) : tout plan de paix qui n’associerait pas (Moscou) serait voué à l’échec ".

" Ce qui s’est passé au cours des dix dernières années (avant la guerre, NDLR) doit être pris en compte ", a-t-il relevé, souhaitant que " cette conversation commence aussi tôt que possible car il y a des questions vraiment difficiles à résoudre ", notamment les modalités de retrait des troupes russes sur les 18% du territoire ukrainien occupés.

" Mais je préfère dix ans de négociations à cinq ans de guerre ", a insisté le conseiller qui considère qu’avec cette guerre, " tout peut arriver ".

L’inutilité des sanctions
18% du territoire ukrainien est occupé par l’armée russe (AFP)

M. Kalin a également défendu la position de la Turquie qui s’est abstenue de s’associer aux sanctions occidentales contre la Russie, estimant qu’elles ne menaient à rien.

" Elles auraient endommagé notre économie ", étroitement dépendante du gaz mais aussi des touristes russes, a-t-il fait valoir. " Et si le but était d’écarter M. Poutine, nous ne voyons rien de tel survenir ".

Membre le plus oriental de l’Otan, la Turquie détient parallèlement la clé de son élargissement à la Suède et à la Finlande, deux voisines de la Russie qui frappent à la porte de l’Alliance atlantique depuis le printemps.

Pour M. Kalin, tout accord de paix devra être " plus large " qu’un accord n’impliquant que le seul duo Russie-Ukraine (AFP)

Mais après un nouvel incident cette semaine, Ankara n’est " pas en situation " de ratifier l’adhésion de la Suède en l’état, a plaidé M. Kalin.

Ankara a dénoncé un montage vidéo réalisé par un groupe proche du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) à Stockholm montrant le président Erdogan en pendu et traité de " dictateur ". L’ambassadeur de Suède a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères.

M. Kalin a dénoncé des incidents qui surviennent encore après sept mois de négociations avec ces deux pays nordiques et la signature, en juin, d’un mémorandum d’accord.

" Nous voulons avancer et progresser mais si ce genre d’incidents continue, cela ralentira le processus ", a-t-il prévenu, demandant à la Suède d’envoyer " un message clair " en ce qui concerne la présence des membres du PKK sur son sol.

Avec AFP