Trois femmes journalistes ont été arrêtées en Iran, sans qu’aucun détail n’ait été donné sur les raisons de leur interpellation. Elles ont été transférées à la prison d’Evine. Selon le quotidien Etemad, près de 79 journalistres ont été interpellés depuis le début des manifestations dans le pays. En parallèle, trente prisonnières politiques en Iran ont signé une tribune rendue publique dimanche demandant que cessent les exécutions de manifestants.

Au moins trois femmes journalistes ont été arrêtées en Iran, a-t-on appris lundi de sources locales, sur fond du mouvement de contestation déclenché par la mort en détention de Mahsa Amini, en septembre.

" Au cours des dernières 48 heures, au moins trois journalistes — Mmes Melika Hashemi, Saïdeh Shafiei et Mehrnoush Zareï — ont été arrêtées ", a annoncé l’Association des journalistes de Téhéran dans un communiqué.

Aucun détail n’a été donné sur les raisons de l’interpellation de ces journalistes travaillant pour des journaux et une agence.

Le quotidien réformateur Etemad a précisé qu’elles avaient été transférées à la prison d’Evine à Téhéran.

Ce journal évalue à 79 le nombre de journalistes interpellés depuis le début des manifestations dans le pays, il y a quatre mois.

Fin octobre, plus de 300 journalistes et photojournalistes iraniens avaient critiqué dans une lettre ouverte les autorités pour avoir " arrêté (leurs) confrères et pour les avoir privés de leurs droits " notamment l' "accès à leurs avocats "

Appel à la fin de la répression

Dans ce contexte de répression sauvage, trente prisonnières politiques en Iran, dont la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah et la fille de l’ancien président Hashemi Rafsandjani, ont signé une tribune rendue publique dimanche demandant que cessent les exécutions de manifestants.

" Nous, prisonnières politiques et idéologiques du quartier des femmes de la prison d’Evin (Téhéran), demandons la fin des exécutions de manifestants et la fin des peines injustes infligées aux prisonniers en Iran ", peut-on lire dans ce texte transmis à l’AFP.

" Quelles que soient nos croyances religieuses et politiques et nos origines ", " nous avons toutes été condamnées, pour un total de 124 années de prison, à la suite de procédures injustes et non transparentes. Ce qui équivaut à plusieurs générations de vie humaine ", ont-elles témoigné.

Parmi les signataires figurent la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, et la défenseuse des droits des femmes germano-iranienne Nahid Taghavi, condamnée à 10 ans d’incarcération en 2021 pour des motifs similaires.

Faezeh Hashemi, ex-députée et fille de l’ancien président iranien Hashemi Rafsanjani, qui a écopé en janvier de 5 ans d’emprisonnement pour avoir critiqué le régime, ou encore Niloufar Bayani, militante environnementaliste, condamnée en 2020 à dix ans de détention pour " espionnage ", ont également signé la tribune.

Selon l’ONG norvégienne Iran Human Rights, au moins 481 personnes ont été tuées et non moins de 109 personnes risquent d’être exécutées en lien avec les manifestations, en plus des quatre déjà pendues. Téhéran reconnaît des centaines de morts, parmi lesquels des membres des forces de sécurité.

L’ONU a également dénombré 14 000 arrestations en quatre mois de manifestations démarrées mi-septembre après la mort de Mahsa Amini, 22 ans, à la suite de son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire.

Avec AFP