Bras de fer avec Washington et menace d’invasion de l’Ukraine: Vladimir Poutine sera longuement interrogé jeudi par les médias russes et internationaux sur la crise politico-militaire qui fait frémir l’équilibre sécuritaire européen issu de la Guerre froide.

Lors de cette conférence de presse marathon annuelle, il sera également attendu sur la répression de l’opposition russe depuis un an, le sinistre bilan humain de la pandémie dans le pays et les difficultés économiques.

A l’approche du 30e anniversaire de la dissolution de l’URSS, la " plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle " selon le chef du Kremlin, Vladimir Poutine a considérablement durci le ton ces dernières semaines à l’égard de ses rivaux occidentaux et de son voisin ukrainien, au point de laisser craindre un conflit armé.

Observateurs et diplomates espèrent des précisions quant aux " mesures militaires et techniques " qu’il a juré d’adopter, si ses revendications n’étaient pas acceptées par la Maison Blanche et l’Otan.

Ses exigences, lourdes de conséquences pour l’architecture sécuritaire européenne, ont été jugées " inadmissibles " par de nombreuses voix occidentales.

Vladimir Poutine veut, sans proposer de contreparties, l’arrêt du soutien militaire de l’Otan et de Washington à l’Ukraine, bannir tout élargissement de l’Alliance atlantique et la fin de toute activité militaire occidentale à proximité de la Russie.

Washington et Moscou tablent sur des pourparlers en janvier.

Le président russe, qui en 22 ans au pouvoir est passé d’un rapport plutôt cordial à une relation conflictuelle avec l’Ouest, est suspecté de préparer une invasion de l’Ukraine, une ex-république soviétique désormais pro-occidentale.

Selon Washington, des dizaines de milliers de soldats suréquipés sont déployés près de la frontière russo-ukrainienne ainsi qu’en Crimée, péninsule annexée en 2014. S’ajoutent à l’équation les forces séparatistes pro-russes de l’Est ukrainien, avec qui Kiev est en guerre depuis près de huit ans.

Le Kremlin récuse tout bellicisme, accusant à l’inverse les Américains et leurs alliés de menacer Moscou avec son soutien politico-militaire à Kiev et ses forces en mer Noire.

Outre les tensions internationales, M. Poutine sera attendu jeudi sur la répression de l’opposition et de la société civile russes, qui s’est considérablement accentuée en 2021.

L’année a commencé par l’arrestation du principal opposant, Alexeï Navalny, qui venait de survivre à un empoisonnement ordonné selon lui par le Kremlin. Puis, tout son mouvement a été interdit pour " extrémisme ".

Et 2021 s’achève sur deux procès, dont l’un jeudi, qui pourraient entraîner la liquidation de l’ONG Mémorial, symbole de la démocratisation ayant suivi la fin de l’URSS et qui enquête sur les crimes soviétiques et les violations des droits humains en Russie.

Tout au long de l’année, médias, ONG, journalistes, avocats et militants ont été visés par diverses poursuites. Certains sont en prison, beaucoup d’autres en exil.

Parmi les autres sujets inconfortables pour le pouvoir russe, M. Poutine devrait être interrogé sur les ravages de l’épidémie de Covid-19.

La faible couverture vaccinale, nourrie par la méfiance de la population, et l’absence de fortes restrictions sanitaires ont engendré un lourd bilan humain. Plus de 520.000 personnes sont mortes du Covid en moins de deux ans, selon les statistiques officielles de l’agence Rosstat.

Mais ces chiffres pourraient être sous-estimés, le déclin naturel de la population ayant atteint le demi-million de personnes en 2020 et dépassant déjà 595.000 au premier semestre 2021. La relance démographique est pourtant l’une des grandes priorités de M. Poutine.

Sur plan économique, Moscou revendique une croissance robuste grâce à des restrictions sanitaires minimales et la flambée des cours des hydrocarbures.

Toutefois, le président devra rassurer sur l’accélération de l’inflation à 8%, alors que les Russes s’appauvrissent depuis huit ans du fait d’une économie atone sous sanctions occidentales. Une réalité qui grignote sa popularité et plombe celles de son parti et du gouvernement.

D’ailleurs, à l’approche de la conférence de presse, " le président se prépare en lisant des rapports économiques ", a relevé son porte-parole Dmitri Peskov.

AFP

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