En proie à l’urgence suite au séisme meurtrier, les Casques blancs ont demandé à la communauté internationale " d’assumer ses responsabilités " en venant en aide aux victimes dans les régions contrôlées par l’opposition syrienne. Les secouristes des zones rebelles en Syrie sont, en effet, engagés dans une course contre-la-montre pour secourir les blessés. 

Les Casques blancs, les secouristes des zones rebelles en Syrie, ont imploré mercredi la communauté internationale d’envoyer des équipes les aider, dans une course contre-la-montre pour sauver les personnes coincées sous les décombres après le séisme meurtrier.

Le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie a fait plus de 11.700 morts au total, selon un nouveau bilan fourni par des responsables officiels et des médecins.

9.057 personnes ont péri en Turquie et 2.662 en Syrie à la suite du tremblement de terre de magnitude 7,8 de lundi, ont-ils précisé.

Ces régions proches de la Turquie sont privées d’aide gouvernementale syrienne et dépendent d’habitude de l’aide d’Ankara, actuellement prise par la catastrophe sur son propre territoire.

Un homme porte le corps d’un enfant sorti des décombres dans la ville de Hareem, dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie (AFP)

" Nous demandons à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités à l’égard des victimes civiles. Il faut que des équipes internationale de sauvetage entrent dans nos régions ", a déclaré à l’AFP le porte-parole des Casques blancs, Mohammad al-Chebli.

" C’est une véritable course contre-la-montre, des gens meurent toutes les secondes sous les décombres ", a-t-il ajouté. " Des centaines de familles sont toujours portées disparues ou sont coincées sous les décombres ".

Plus de 3.300 bénévoles des Casques blancs se sont mobilisés depuis le séisme mais ils manquent encore cruellement de personnel et de matériel.

Ils " ne disposent pas de chiens de recherches pour déterminer sous quels bâtiments effondrés se trouvent des victimes ", explique M. Chebli.

Œuvrant dans des conditions difficiles, dans le froid et à la lumière des lampes de poche la nuit, les secouristes sont souvent assistés par des habitants, qui tentent de déblayer à l’aide de pioches ou de bêches et parfois à mains nues les décombres.

Situation catastrophique

À mesure que le temps passe, " les chances de sauver les gens s’amenuisent ", a encore souligné le porte-parole, joint au téléphone par l’AFP en Turquie. " Nous avons besoin d’équipements lourds, de pièces de rechange pour nos équipements. "

" Toutes les équipes sont épuisées, mais nous continuons à travailler. À chaque fois que nous parvenons à sortir des gens vivants de sous les décombres, cela nous donne de l’énergie et de l’espoir ", affirme à l’AFP une volontaire des Casques blancs, Fatima al-Abid.

Une vidéo devenue virale montre une foule laissant éclater sa joie lorsque des secouristes retirent des décombres deux enfants. " La joie des secouristes était indescriptible ", raconte cette volontaire jointe à Sarmada dans la province d’Alep.

Les Casques blancs reçoivent des financements étrangers, et le Royaume-Uni a ainsi annoncé mardi qu’il leur octroierait une aide supplémentaire d’environ 900.000 euros. L’Égypte a pour sa part envoyé une équipe technique et des médecins.

Plus de quatre millions de personnes vivent dans les zones rebelles du nord, proches de la Turquie.

L’aide y est acheminée à travers un seul point de passage, depuis la Turquie, mais la route qui mène à ce passage depuis ce pays a été endommagée, ce qui perturbe temporairement les opérations de secours, selon l’ONU.

Des activistes syriens postés au point de passage humanitaire de Bab Al-Hawa ont déclaré à Al Jazeera que " seuls des cadavres traversaient les 4 points de passage frontaliers avec la Turquie " jusqu’à présent. Une information confirmée par les Casques blancs, qui n’ont reçu aucune aide humanitaire à travers la frontière turco-syrienne.

La zone d’Idleb, où vivent environ trois millions de personnes, est contrôlée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

Lors d’une conférence de presse à Idleb mercredi, un responsable du secteur de la Santé de cette zone, Hussein Bazar, a affirmé que " la région a un besoin urgent de toutes formes d’aide médicale ".

" La situation à Idleb et dans les zones libérées est catastrophique (…) et nous ne sommes plus en mesure de fournir une aide sanitaire aux personnes qui en ont besoin ", a-t-il dit.

D’après les Casques blancs, qui prennent en charge également les enterrements des victimes, les morgues des hôpitaux ont dépassé leur capacité.

Selon l’ONG Syrian American Medical Society (SAMS), présente dans cette région, la situation est très difficile dans les hôpitaux de la région.

" Le plus grand problème est le fait que l’électricité est coupée. Nous avons du fioul qui peut alimenter les générateurs pendant deux ou trois jours au plus ", a déclaré à l’AFP Mohammad Eisa, un médecin de cette organisation qui se trouve en Turquie.

Demande d’aide 

La Syrie, après la Turquie, a sollicité l’aide de l’Union européenne pour des secours à la suite du violent séisme qui a frappé les deux pays, a annoncé mercredi le commissaire européen Janez Lenarcic, encourageant les États membres de l’UE à apporter cette assistance.

" Ce matin, nous avons reçu une demande d’aide du gouvernement syrien par le biais du mécanisme de protection civile. Nous partageons cette demande avec les États membres de l’UE et nous les encourageons à apporter l’aide demandée ", a déclaré le responsable, chargé de la gestion des crises.

" Il est également important de s’assurer, je tiens à le souligner, que cette aide va aux personnes qui en ont besoin, et qu’elle n’est pas détournée. C’est quelque chose que nous allons surveiller ", a ajouté Janez Lernarcic.

Interrogée sur cette demande d’assistance, une porte-parole du ministère allemand des Affaires Étrangères, Andrea Sasse, a indiqué que Berlin était prêt à aider, mais " maintiendrait ses contacts avec le régime (du président syrien Bachar al-Assad) au strict minimum ".

" Nous n’allons pas coopérer avec le régime syrien (…) tant que surviennent chaque jour les pires atteintes aux droits humains ", a-t-elle prévenu, précisant que Berlin avait des partenaires sur place, notamment différentes ONG, pour fournir l’assistance nécessaire à la population.

Avec AFP