Les syndicats français ont appelé à une quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites samedi, alors que le projet de loi est actuellement débattu à l’Assemblée nationale. La RATP et la SNCF continueront de fonctionner normalement, afin de permettre à tous de venir manifester, selon les syndicats. Ceux-ci espèrent une participation d’un million de personnes. 

Beaucoup ont manifesté en famille, profitant du week-end: des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées samedi en France pour la quatrième journée d’action en moins d’un mois contre la réforme des retraites, projet emblématique du président Macron.

" On ne mourra pas au travail ": une banderole déployée dans le cortège parisien, fort de 500.000 personnes selon le syndicat CGT, semblait résumer l’état d’esprit des manifestants qui rejettent la mesure phare de la réforme: le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Avant le départ de la manifestation parisienne, les leaders de l’intersyndicale ont confirmé leur appel à deux nouvelles journées de mobilisation, les 16 février et 7 mars, et se sont dit prêts à " durcir le mouvement " et " mettre le pays à l’arrêt " si rien ne bouge.Un appel à la grève reconductible à partir du 7 mars a dans la foulée été lancé par l’intersyndicale de la RATP (métro parisien).

Dans la plupart des villes, la mobilisation restait forte samedi, même si les chiffres varient énormément selon les sources. A Clermont-Ferrand (centre) les syndicats ont notamment revendiqué 50.000 participants contre 8.000 selon la préfecture. A Toulouse (sud-ouest), la CGT a revendiqué " plus de 100.000 manifestants ", la préfecture 25.000. En tout, la CGT fait état de plus de 2,5 millions de manifestants contre 963.000 selon le ministère de l’Intérieur.

Parmi les pancartes dans les défilés, on pouvait lire " Macron, arrête tes calculs, on sait que tu nous plumes " ou " Pour la retraite de la réforme ".

Les trois premières journées d’action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre " près de deux millions " et " plus de 2,5 millions " selon l’intersyndicale) (AFP)

" Je suis là parce que c’est samedi, la semaine ce n’est pas possible ", a expliqué dans le cortège lyonnais Marie-Pierre Couvreur, 43 ans, ingénieure, venue avec ses trois enfants pour leur montrer " qu’il faut se défendre ".

En amont, le patron du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, avait estimé que " dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès ".

Pour encadrer ces foules, 10.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés, dont 4.500 dans la capitale, où quelques incidents se sont produits dans l’après-midi, avec notamment une voiture renversée sur la chaussée et incendiée.

Il n’y avait pas de grève à la SNCF ni à la RATP, mais un vol sur deux a été annulé à Orly, en raison d’une grève imprévue de contrôleurs aériens.

C’est la première fois depuis le début du mouvement que les syndicats organisent des manifestations le samedi, afin de permettre aux salariés de participer. (AFP)
" Désespérance sociale "

C’est la quatrième fois en moins d’un mois que les Français sont appelés à faire grève et à manifester contre cette réforme, actuellement examinée par les députés.

Les trois précédentes journées d’action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l’intersyndicale), sans infléchir l’exécutif, qui tient bon sur le recul de l’âge légal de départ à 64 ans.

Des propos vendredi d’Emmanuel Macron à Bruxelles, appelant les organisateurs de la contestation à " conserver leur esprit de responsabilité ", ont provoqué la colère des syndicats, qui accusent en retour le chef de l’Etat de ne pas " écouter " le pays.

Si le gouvernement ne tient pas compte des demandes des Français sur les retraites, " on aura à l’issue de cette réforme un divorce encore plus prononcé, encore plus inquiétant, entre les Français et ceux qui nous gouvernent ", a averti samedi Xavier Bertrand, un responsable des Républicains (LR), le parti de droite sur lequel la majorité présidentielle compte pour faire passer son texte au Parlement.

Les députés de la Nupes ont déposé des milliers d’amendements, débattus dans une ambiance tumultueuse (AFP)

" Monsieur Macron, s’il compte sur l’usure, se trompe de pays ", a jugé pour sa part à Marseille le chef de file de l’opposition de gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.

Actuellement devant les députés, l’examen du texte depuis le début de la semaine n’a donné lieu pour l’instant qu’à des débats répétitifs et des invectives.

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et à un vieillissement de la population.

Avec AFP