La France est menacée par de nombreux acteurs, comme le " terrorisme sunnite " et des services étrangers alerte le directeur de la DGSI Nicolas Lerner. " Derrière chaque bouleversement géopolitique, il y a un risque de résurgence terroriste ", a-t-il affirmé.

Le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, fait état de menaces nombreuses et diverses contre la France venant de l’ultradroite, du " terrorisme sunnite " ou bien encore de services étrangers susceptibles d’actions d’ingérence, d’espionnage, voire de manipulation de l’information.

Dans un entretien accordé à Emile magazine, le magazine des anciens de Sciences Po Paris, diffusé jeudi, M. Lerner dresse un panorama de la menace terroriste depuis 2018, date de son arrivée à la tête de la DGSI.

S’il considère que le " risque d’attentat projeté a très significativement diminué depuis 2014 ", il estime qu’il " n’a malheureusement pas disparu ". Il relève qu' "en Syrie et en Irak, l’EI (groupe État islamique) fait preuve de résilience ", et qu' "au Sahel dans un contexte de dégradation de la situation sécuritaire, mais aussi en Afghanistan, l’organisation terroriste gagne du terrain alors même qu’Al Qaïda et ses filiales demeurent dynamiques ".

" Derrière chaque bouleversement géopolitique, il y a un risque de résurgence terroriste ", poursuit-il.

Peinture murale en hommage aux victimes de l’attaque contre Charlie Hebdo (AFP)

Notant que la menace a évolué " dans ses formes " avec des attaques perpétuées par des acteurs isolés comme l’automne 2020 (trois attaques en quatre semaines), Nicolas Lerner juge que le " terrorisme sunnite (…) reste une préoccupation majeure ".

Interrogé sur l’ultradroite, le patron de la DGSI fait valoir que " nombre de démocraties occidentales considèrent que la menace ultradroite, suprémaciste, accélérationniste est aujourd’hui la principale menace à laquelle elles sont confrontées ". " La France, ajoute-t-il, comme toutes les démocraties est exposée à cette même menace ".

" Au-delà des idéologies d’ultradroite ", il souligne la " montée de la radicalité ", y compris dans les actions. Une radicalité parfois juste " pour elle-même ", guidée par " une appétence pour la violence avant tout ".

Concernant les tensions internationales, M. Lerner relève que dans ce contexte " où de nombreux États font le choix de faire prévaloir leurs intérêts avant tout, au mépris des règles du droit international et au prix d’une agressivité accrue, la France se retrouve exposée ". Pour lui, la situation de la France (membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, porteur d’un modèle de société…) " nous expose à de nombreuses actions d’espionnage ou d’ingérence, rendant nécessaire la protection active de notre patrimoine et de notre savoir-faire ".

S’agissant de la guerre en Ukraine, Nicolas Lerner insiste sur l’utilisation de " l’arme de la désinformation " pour tenter de " fragiliser la solidarité " de l’Europe envers Kiev.

Enfin, il insiste sur la menace cyber. Il est " désormais établi, dit-il, que certains services étatiques s’appuient sur des groupes criminels pour conduire leurs actions ou récupérer de la donnée ". Il ne cite aucun pays, mais diverses affaires récentes ont mis en lumière la Russie, la Chine ou l’Iran.

Avec AFP