Le groupe jihadiste Daech (État islamique-EI) a lancé vendredi une attaque dans le désert syrien près de Palmyre durant laquelle au moins 53 personnes ont été tuées. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis plus d’un an. Le groupe a multiplié ces derniers mois les attaques malgré les coups de la coalition internationale antijihadiste, qui a annoncé vendredi avoir tué un de ses chefs lors d’un raid au cours duquel quatre militaires américains ont été blessés.

L’armée américaine a annoncé vendredi avoir tué " un haut responsable de Daech, Hamza al-Homsi ". Le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom) a précisé dans un communiqué que les quatre militaires, touchés par une explosion lors de cette attaque menée dans le nord-est de la Syrie, sont soignés en Irak. Un chien de travail participant à l’opération a également été blessé, rapporte le communiqué.

Le raid américain a été effectué dans le nord-est de la Syrie (AFP)

Le porte-parole du Centcom, le colonel Joe Buccino, a ensuite précisé que l’explosion avait été provoquée par Homsi, qui " supervisait le réseau terroriste meurtrier dans l’est de la Syrie avant d’être tué dans le raid ".

Attaque de Sokhné

Selon la télévision d’Etat syrienne, " 53 citoyens qui ramassaient des truffes ont été tuées lors d’une attaque des terroristes de Daech, au sud-est de la ville de Sokhné, dans l’est de la province de Homs ".

Le directeur de l’hôpital de Palmyre, Walid Audi, où ont été apportés les corps des victimes, a indiqué que sept soldats syriens figuraient parmi les tués, selon la radio progouvernementale syrienne, Cham FM.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni et au vaste réseau de sources en Syrie, avait donné un premier bilan de 36 personnes tuées. Sept militaires font partie des victimes, avait-elle ensuite précisé.

Photo d’archives de l’époque sombre quand Daech exhibait ses détenus avant de les exécuter.

Cette attaque intervient quelques jours après une agression similaire survenue samedi dans la même région ayant fait 16 morts, selon l’OSDH.

Les victimes de samedi ramassaient elles aussi des truffes, d’après la même source, qui a précisé qu’une soixantaine de personnes avaient été enlevées lors de cette première attaque.

Selon l’OSDH, l’EI profite du fait que des habitants de zones rurales reculées s’aventurent dans le désert pour ramasser des truffes afin de les attaquer.

La truffe du désert, ou truffe des sables, est cueillie généralement entre février et avril et se vend à prix d’or.

D’après l’OSDH, les assaillants étaient à moto lorsqu’ils ont ouvert le feu sur leurs victimes vendredi.

Plus tôt dans la journée, 25 personnes ont été relâchées par l’EI, parmi la soixantaine de personnes que le groupe avait enlevées samedi dernier, a précisé l’ONG.

L’attaque la plus meurtrière depuis un an

Cette attaque est la plus meurtrière menée par l’organisation jihadiste depuis plus d’un an, lorsqu’elle avait mené un assaut contre une prison dans le nord-est du pays, dans une région tenue par les forces kurdes. L’attaque avait fait 373 morts dont 268 jihadistes, à l’issue de plusieurs jours de combats intenses, selon l’OSDH.

Un graffiti de Daech sur un mur de Raqqa.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 en Irak et en Syrie voisine et la conquête de vastes territoires, l’EI a vu son " califat " autoproclamé s’effondrer sous le coup d’offensives successives. Il a été défait en 2017, en Irak et en 2019, en Syrie.

Mais le groupe extrémiste responsable de multiples exactions continue de mener des attaques dans ces deux pays, malgré les raids menés par la coalition antijihadiste.

Depuis 2019, plusieurs centaines de soldats américains, déployés dans le nord-est de la Syrie dans le cadre de la coalition antijihadiste, continuent de combattre avec les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) et de cibler les membres présumés de l’EI.

Les Forces démocratiques syriennes sont composées de milices kurdes, syriaques et arabes.

Le 10 février, une autre opération menée avec les FDS avait conduit à la saisie d’armes et à la mort d’un autre responsable de l’EI.

En 2022, deux autres chefs du groupe ont été tués, l’un en février, par les forces spéciales américaines dans le nord-ouest et l’autre en octobre, par d’anciens rebelles de la province de Deraa (sud) soutenus par le régime.

En octobre 2019, les Etats-Unis avaient annoncé la mort du chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d’une opération américaine dans le nord-ouest de la Syrie.

Georges Haddad, avec AFP