En visite de deux jours en Turquie, suite au séisme qui a ravagé le pays, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réaffirmé le soutien des États-Unis au président turc Erdogan. L’Ukraine a été un des sujets majeurs abordés par les deux hommes.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a achevé lundi une visite de deux jours en Turquie, où il a affiché le soutien des États-Unis après le séisme dévastateur et s’est voulu rassurant sur l’état des relations bilatérales, parfois tendues.

Il s’agissait du premier déplacement du secrétaire d’État américain en Turquie depuis sa prise de fonction il y a deux ans. Il a pris fin après un entretien d’une heure et quart environ avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, à l’aéroport d’Ankara.

Lors de leur réunion, le secrétaire d’État a réaffirmé le soutien des États-Unis à la Turquie face au séisme et promis de continuer à lui porter assistance, selon un compte-rendu du porte-parole du département d’État, Ned Price.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken rencontre le président turc Recep Tayyip Erdogan à la salle d’honneur de l’aéroport international d’Esenboga, à Ankara (AFP)

Les deux dirigeants ont également discuté du soutien à l’Ukraine et insisté sur le fait de travailler " plus étroitement " sur une série de sujets bilatéraux, dont la défense, l’énergie et le commerce.

Dans un contexte de tension croissante, les États-Unis reconnaissent à leur allié turc un rôle constructif : depuis le début du conflit en Ukraine le 24 février 2022, Ankara – qui maintient de bonnes relations avec Kiev et Moscou – a offert sa médiation pour y mettre fin.

Peu avant sa rencontre avec le président turc, Antony Blinken est revenu sur ses déclarations de la veille, selon lesquelles la Chine envisageait de fournir des armes à la Russie.

" La fourniture d’un soutien létal à la Russie pour aider à sa guerre d’agression en Ukraine aurait de réelles conséquences sur nos relations avec la Chine (…). Cela poserait un vrai problème à la Chine dans ses relations avec de nombreux autres pays, pas seulement les États-Unis ", a-t-il mis en garde lundi.

" Nous espérons donc qu’ils ne s’engageront pas dans cette voie ", a-t-il conclu.

Vente d’avions de chasse

Pékin a nié ces intentions, qualifiées de " fausses informations ".

Après son entretien avec le président Erdogan, M. Blinken s’est rendu au mausolée de Mustafa Kemal Ataturk – père fondateur de la Turquie moderne et passage obligé pour tout dignitaire étranger – où il a déposé une couronne de fleurs sous une pluie glaçante et signé un livret.

Les États-Unis et la Turquie, alliés au sein de l’Otan, entretiennent des relations parfois tendues. En priorité, le blocage turc de l’adhésion à l’Alliance de la Suède et la Finlande, dont les candidatures sont en suspens depuis mai.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken visite le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk (AFP)

Parmi les autres dossiers géopolitiques, la vente potentielle d’avions de chasse F-16 promis par le président Joe Biden à la Turquie. Cette vente est bloquée par le Congrès à Washington en raison des inquiétudes suscitées par le bilan de la Turquie en matière de droits de l’homme et des menaces pesant sur la Grèce.

" L’administration Biden soutient fermement le paquet visant à moderniser les F-16 existants et à en fournir de nouveaux à la Turquie ", a déclaré lundi M. Blinken, précisant toutefois ne pas pouvoir fournir de " calendrier formel ", toute vente étant conditionnée à un feu vert du Congrès américain.

Autre point de discorde, la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) que la Turquie considère comme " terroriste " et qui a été l’une des principales forces combattant le groupe jihadiste État islamique (EI) avec l’appui aérien de la coalition internationale menée par les États-Unis.

Fin des recherches

La visite d’Antony Blinken s’inscrit aussi dans le contexte du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février.

Quatorze jours après ce séisme d’une magnitude de 7,8 qui a dévasté le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, les dégâts restent considérables et le bilan très élevé : près de 45.000 personnes y ont perdu la vie, selon les dernières données.

La Turquie a annoncé dimanche mettre un terme à la majorité de ces recherches. Aucun nouveau survivant n’a été dégagé des ruines depuis plus de 24 heures.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu après une conférence de presse à Ankara (AFP)

Les États-Unis avaient déployé, dès le lendemain du séisme, plusieurs équipes de recherche et secours en Turquie, soit environ 200 personnes, et débloqué une première tranche de 85 millions de dollars en aide humanitaire. Dimanche, M. Blinken a annoncé une aide supplémentaire au pays de 100 millions de dollars.

Le secrétaire d’État américain avait accompagné son homologue, Mevlut Cavusoglu, pour un survol en hélicoptère de la province dévastée de Hatay, dans le sud-est du pays.

Il a également rencontré, en Turquie, des représentants du groupe de sauveteurs syriens des Casques blancs, qui opère dans les zones tenues par les rebelles en Syrie.

Après la Turquie, M. Blinken achèvera sa tournée européenne à Athènes où il aura lundi soir et mardi une série d’entretiens avec les autorités de ce pays, rival historique de la Turquie, mais également partenaire au sein de l’Otan.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP