Une vingtaine de militants de Greenpeace ont manifesté mercredi devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles pour dénoncer le soutien de l’institution au projet de gazoduc EastMed, dénoncé comme un " fauteur de guerre " et une " bombe climatique ".

" Le gaz alimente les guerres ": l’accusation a été placardée sur les baies vitrées des entrées de la Commission et un argumentaire a été distribué aux fonctionnaires de l’institution.

L’action, placée sous haute surveillance de la police, s’est déroulée dans le calme et a duré une heure. Les militants ont ensuite décollé leurs inscriptions et pliés bagages.

EastMed est un projet de gazoduc en pleine mer permettant de relier les gisements gaziers offshore des pays de la Méditerranée orientale, notamment Israël et l’Égypte, à la Grèce via Chypre et la Crète. Il aura une capacité de 10 milliards de m3 et devrait être terminé et mis en service entre 2025 et 2027.

L’UE a drastiquement réduit ses achats de gaz à la Russie pour sanctionner le conflit déclenché en Ukraine et cherche d’autres sources d’approvisionnement. Les réserves des champs pétroliers et gaziers offshore de l’Iran, de l’Égypte et d’Israël suscitent beaucoup de convoitises en Europe.

Mais le gazoduc doit passer dans des zones maritimes contestées et Greenpeace met en garde contre les conflits potentiels entre la Turquie, la Grèce et Chypre.

" Le projet risque de raviver le conflit non résolu entre Chypre et la République turque de Chypre du Nord ", avertit l’ONG.

" Comme l’a montré le sabotage du gazoduc Nord Stream (en mer Baltique entre la Russie et l’Allemagne), EastMed risque de devenir une cible militaire ", ajoute Greenpeace.

L’association a demandé mercredi à l’exécutif européen d’exclure EastMed des projets d’intérêt commun, d’arrêter de lui accorder des financements et de réaliser une évaluation globale des risques de conflit.

Le projet a bénéficié de plus de 40 millions d’euros accordés par la Commission pour la réalisation d’études techniques et environnementales.

Georges Haddad, avec AFP