Bassma Kodmani, universitaire, chercheuse et figure politique syrienne, est décédée jeudi. Elle était directrice de l’Arab Reform Initiative (ARI – Initiative arabe de réforme) et cofondatrice du Conseil national syrien qu’elle a quitté en août.

Au cours des dernières années, Bassma Kodmani a laissé son empreinte sur tous les événements majeurs en Syrie. Politologue de longue date et universitaire basée à Paris, après le déclenchement de la révolution syrienne en 2011, elle a cofondé, les principaux groupes d’opposition syriens formés par la suite: le Conseil national syrien, la Coalition nationale syrienne et la Haute commission des négociations.

Bassma Kodmani avait également participé, depuis 2016, à la délégation des négociateurs de l’opposition syrienne qui se réunissait à Genève avec les représentants du régime, sous l’égide de l’ONU.

En 2016, elle est devenue membre de la délégation des négociateurs de l’opposition syrienne à Genève. Elle était membre fondatrice et trésorière de l’Initiative pour une nouvelle Syrie, une ONG basée à Paris ayant pour objectif de soutenir la société civile syrienne.

Connue pour son calme et sa diplomatie, elle était souvent citée par les médias occidentaux et accueillie sur les plateaux de télévision.

Bassma Kodmani était directrice de l’Initiative arabe de réforme (ARI), un consortium d’instituts de recherche du monde arabe qui travaille en partenariat avec des instituts européens et américains sur les questions de réforme et de transition démocratique dans le monde arabe.

Le politologue et ancien collaborateur académique de Bassma Kodmani, Ziad Majed, a déploré, dans une déclaration à Ici Beyrouth, "une perte pour sa famille et pour le monde académique". Il a rappelé le rôle joué par la chercheuse comme fondatrice de l’ARI qui, selon ses termes, est "un centre de recherche crédible et sérieux travaillant sur la question des réformes politiques, économiques et sociétales dans le monde arabe".

M. Majed a également évoqué "le rôle politique joué par Kodmani lors du soulèvement populaire contre le régime des Assad depuis 2011". "Elle était parmi les représentants les plus en vue de la cause syrienne", a-t-il ajouté.

"Sa présence médiatique, diplomatique, son savoir-faire, ses relations en tant que citoyenne, activiste et universitaire en France, en Europe et dans le monde arabe lui ont permis d’incarner la cause syrienne, a encore affirmé M. Majed. Sa perte est encore plus douloureuse aujourd’hui, alors que la Syrie vit des moments très difficiles. Le régime criminel est toujours en place, le pays est toujours occupé par plusieurs forces étrangères, des millions de Syriens sont, ou bien des déplacés intérieurs, des réfugiés ou disparus."

L’auteur a regretté que l’impunité continue de régner plus que jamais en Syrie, "une impunité contre laquelle elle s’est farouchement battue". "Le séisme dévastateur survenu un mois auparavant a rendu encore plus difficile les conditions de vie des Syriens", a conclu M. Majed.

Le directeur actuel de l’ARI, Nadim Houry, a écrit sur son compte Facebook: "Elle a combattu la maladie avec un courage et une détermination admirables. Bassma était une intellectuelle passionnée et une militante engagée en faveur de sa Syrie bien-aimée et de la région arabe en général, qu’elle aspirait à voir libre et prospère."

Bassma Kodmani est l’auteure de nombreux ouvrages, au nombre desquels La diaspora palestinienne et Abattre les murs, les Arabes et leurs craintes. Elle a également collaboré avec le Collège de France, et a rejoint le prestigieux Institut Montaigne à Paris, en 2021.

Bassma Kodmani est née à Damas en 1958 dans une famille damascène. Son père était un diplomate qui, après la défaite de la guerre de 1967, a été emprisonné pendant six mois pour avoir exprimé ses opinions politiques opposées au parti Baas. Ensuite, il a quitté le pays avec sa famille pour le Liban avant de s’installer au Royaume-Uni.

Georges Haddad