Au Pakistan, pays musulman conservateur, les inégalités de genre sont criantes et les femmes peinent à parler de leurs problèmes. À l’approche de la traditionnelle marche du 8 mars pour les droits des femmes, les autorités de Lahore, ville de l’est du pays, ont interdit la manifestation prévue. 

Dans un message adressé vendredi soir aux organisateurs, les autorités de Lahore ont interdit la marche prévue le 8 mars prochain pour la Journée internationale des femmes. Ils ont justifié leur décision par les " panneaux et bannières controversés " couramment affichés par les participants à la marche, appelée Aurat, et les problèmes de sécurité.

Droits contre " modestie "

Depuis 2018, des marches sont organisées dans les grandes villes du Pakistan pour attirer l’attention sur les droits des femmes. Les groupes religieux organisent souvent des contre-manifestations appelées " Haya (modestie) ", demandant la préservation des valeurs islamiques. Elles ont été maintenues cette année.

Lors de ces rassemblements, les pancartes brandies par les participants abordent des sujets tels que le divorce, le harcèlement sexuel ou encore les menstruations.

En 2020, des groupes d’hommes islamistes avaient jeté des pierres aux femmes participant à la marche. (AFP)
Code " d’honneur "

Une grande partie de la société pakistanaise fonctionne selon un code d' "honneur " strict régissant la vie des femmes que ce soit dans le droit de choisir leur époux, d’avoir des enfants ou encore d’étudier. Chaque année, des centaines de femmes sont tuées par des hommes pour des questions d' "honneur ".

Pour Amnesty International, la décision des autorités de Lahore " constitue une restriction illégale et inutile du droit de réunion ". Invoquant des problèmes de sécurité, les autorités de la capitale Islamabad ont relégué la marche des femmes dans un parc de la ville où une femme a été victime d’un viol collectif en février.

Maxime Pluvinet avec AFP