Le secteur bancaire américain continue de s’enfoncer dans un marasme économique. Le titre de la banque américaine First Republic, qui pourrait faire faillite, dégringolait de 20% environ à la mi-séance jeudi 16 mars à la Bourse de New York après avoir déjà perdu 21% la veille et 73% depuis le 8 mars.

La banque américaine First Republic, qui sert principalement des clients fortunés, est sous le feu des projecteurs, certains craignant qu’elle soit le prochain domino à tomber après les défaillances de trois établissements aux États-Unis.

Son titre plongeait de 20% environ à la mi-séance jeudi à la Bourse de New York après avoir déjà perdu 21% la veille et 73% depuis le 8 mars.

Il reculait encore plus à l’ouverture après un article de l’agence Bloomberg affirmant que First Republic explore actuellement des " options stratégiques " pour son avenir, y compris une possible vente.

Le titre a repris un peu de terrain suite à des informations du Wall Street Journal selon lesquelles JPMorgan Chase, Morgan Stanley et d’autres grandes banques tentent de venir à l’aide de First Republic et discutent de diverses alternatives, dont une augmentation de capital.

Contactée par l’AFP, la banque a indiqué n’avoir pas de commentaires à faire.

First Republic, fondée en 1985 et basée à San Francisco, est la 14e banque américaine par la taille des actifs.

Début mars, la Silicon Valley Bank s’est écroulée (AFP)

Elle fournit des services de banque privée pour les particuliers et les entreprises et de gestion de fortune avec des bureaux principalement en Californie, mais aussi sur la côte est (New York, Massachusetts, Connecticut, Floride), dans les États d’Oregon, de Washington et de Wyoming.

En bref, elle a " une clientèle aisée concentrée dans les zones urbaines côtières ", décrit dans une note Eric Compton, analyste pour Morningstar.

Dirigée jusqu’à mi-2021 uniquement par son fondateur Jim Herbert –qui a laissé sa place de directeur général à Mike Roffler tout en gardant le poste de président du conseil d’administration– elle a enregistré " une croissance organique remarquablement élevée année après année ", note Eric Compton: elle est passée de 22 milliards de dollars d’actifs fin 2010 à 212 milliards fin 2022.

Mais le profil de sa clientèle est devenu récemment une faiblesse après les défaillances rapprochées de Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate, des banques qui avaient misé sur des secteurs d’activités particuliers, le monde de la tech pour SVB ou celui des cryptomonnaies pour Signature Bank et Silvergate.

Selon l’agence S&P Global Ratings, 68% des dépôts entreposés à First Republic le sont sur des comptes dépassant 250.000 dollars, soit la limite garantie habituellement par les autorités.

Même si les clients viennent de secteurs économiques diversifiés, certains craignent que nombre d’entre eux préfèrent déplacer leur argent dans des plus grosses banques ne présentant a priori aucun risque de défaillance, car trop importantes pour que les régulateurs les laissent fermer.

Déjà surveillée de près le week-end dernier, la banque avait indiqué dimanche avoir " renforcé et diversifié ses liquidités " et avoir 70 milliards de dollars à sa disposition grâce aux facilités offertes par la banque centrale américaine et à JPMorgan Chase.

Insuffisant aux yeux des agences de notation S&P Global Ratings et Fitch, qui ont abaissé mercredi la note qu’elles accordent à la dette de la société dans la catégorie des investissements spéculatifs.

" Nous pensons que le risque de fuite des dépôts est élevé à First Republic Bank malgré les mesures prises par les régulateurs bancaires et le fait que la banque augmente activement sa capacité d’emprunt pour atténuer le risque lié aux faillites bancaires de la semaine dernière ", justifie S&P dans une note.

Rémi Amalvy, avec AFP