En Iran, une nouvelle vague de répression après la guerre avec Israël
Des manifestants, déguisés en prisonniers politiques, protestent contre le régime iranien devant le siège des Nations unies, lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU), le 19 septembre 2023 à New York. ©Kena Betancur / Getty Images North America / Getty Images via AFP

Les autorités iraniennes ont arrêté des centaines de personnes et exécuté des dizaines d'autres dans une nouvelle vague de répression consécutive à la guerre de 12 jours avec Israël, selon des organisations de défense des droits humains, qui accusent la République islamique de répandre la peur pour masquer ses faiblesses dans ce conflit.

D'après l'ONG Iran Human Rights, basée en Norvège, six hommes ont été pendus pour espionnage au profit d'Israël depuis le début du conflit, des dizaines d'autres ont été exécutés pour d'autres chefs d'accusation, et plus de 1 000 personnes ont été arrêtées pour des faits liés à la guerre.

D'après Roya Boroumand, directrice exécutive de l'ONG américaine Abdorrahman Boroumand Center for Human Rights in Iran, les autorités iraniennes tentent de réprimer le mécontentement public face au «coup humiliant» infligé par Israël pendant le conflit, qui a montré l'incapacité de Téhéran à «contrôler son espace aérien et à protéger les civils».

«Pour maintenir le contrôle et empêcher ses opposants à l'intérieur du pays de s'organiser et de mobiliser leurs forces, les dirigeants iraniens recourent à la peur. Et ils ne font peut-être que commencer», a-t-elle assuré à l'AFP.

Quatre jours après le début de la guerre, débutée le 12 juin, le chef du pouvoir judiciaire iranien Gholamhossein Mohseni Ejeï avait demandé des procès rapides pour les personnes accusées d'espionnage pour Israël, selon un média local.

Certains militants ou membres de minorités ont été arrêtés dans la rue ou à leur domicile, tandis que des exécutions ont été précipitées et des prisonniers transférés vers des lieux inconnus, selon des organisations de défense des droits de l'Homme.

Parmi les personnalités interpellées figure le défenseur de la liberté d'expression Hossein Ronaghi. D'autres, comme le rappeur Toomaj et l'activiste Arash Sadeghi, ont été relâchés après avoir été violemment arrêtés et interrogés, selon plusieurs rapports.

Après la frappe meurtrière d'Israël sur la prison d'Evine à Téhéran le 23 juin, qui aurait fait 79 morts selon les autorités iraniennes, des détenus ont été transférés dans des lieux tenus confidentiels.

Ces transferts pourraient concerner des prisonniers de premier plan comme le couple français Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis trois ans en Iran, ainsi qu'Ali Younesi, un étudiant militant emprisonné depuis avril 2020.

Bien que les autorités françaises affirment avoir «eu l'assurance» que les deux Français «n'ont pas été blessés» dans la frappe israélienne, la sœur de Cécile, Noémie Kohler, a alerté vendredi qu'elle «ignorait tout du sort» du couple détenu dans la prison d'Evine.

«Animal Blessé»

Le pouvoir iranien a été critiqué de l'intérieur pour son incapacité à contrer les frappes israéliennes et américaines, faute de systèmes de défense aérienne efficaces. Aucun système de sirènes ou d'abris n'a été mis en place pour protéger la population depuis les années 1980, pendant la guerre contre l'Irak de Saddam Hussein (1980-88).

Rappelant qu'une vague de répression massive avait suivi le cessez-le-feu entre Iran et Irak, avec l'exécution de milliers de dissidents, Roya Boroumand met en garde : «Si rien n'est fait, la violence qui cible aujourd'hui les Iraniens s'étendra demain au-delà des frontières du pays».

La mort de hauts responsables iraniens dans les frappes a par ailleurs mis en lumière la profonde infiltration des services de renseignement israéliens, incitant les autorités à lancer une chasse aux espions.

«À l'image d'un animal blessé, la République islamique s'en prend à toute menace perçue avec une violence extrême», souligne Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), dont le siège est à New York.

D'après l'organisation norvégienne de défense des droits humains Hengaw, spécialisée sur les zones kurdes d'Iran, 300 Kurdes ont également été arrêtés, dont de nombreuses femmes et adolescentes.

Des minorités religieuses non musulmanes ont aussi été visées : environ 35 membres de la communauté juive iranienne, estimée à 10 000 personnes et reconnue officiellement, ont été convoqués pour des interrogatoires ces derniers jours, selon l'ONG américaine Human Rights Activists News Agency (HRANA).

D'après le site d'informations IranWire, des perquisitions ont enfin visé des dizaines de foyers de membres de la communauté bahaïe, la plus grande minorité religieuse non musulmane du pays, qui n'est pas reconnue par le régime iranien.

Avec AFP

 

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