Donald Trump va-t-il être le premier ex-président inculpé au pénal ? Alors que les preuves semblent le condamner, Trump fidèle à sa dialectique, estime être victime d’un acharnement des démocrates et réfute l’existence d’un délit. Pour soutenir leur héros, les trumpistes ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux avec l’intention de déclencher une " grève nationale " voire une " guerre civile 2.0 " pour empêcher la mise en cause judiciaire de leur idole.

L’Amérique est suspendue en ce début de semaine à la possible inculpation pénale, voire l’arrestation très symbolique à New York, de l’ancien président Donald Trump pour une affaire de paiement avant sa victoire en novembre 2016 à une actrice de films pornographiques avec qui il aurait eu une liaison.

Pour un président américain en exercice ou ayant quitté la Maison Blanche, une telle inculpation serait historique et sans précédent. Le milliardaire républicain dénonce une " chasse aux sorcières " menée par les démocrates, mais ses appels à " manifester " ont fait chou blanc lundi.

Un partisan de Trump proteste au pied de la Trump Tower contre l’arrestation de l’ancien président des États-Unis (Photo de Ed JONES / AFP)

Le coup de tonnerre de la possible mise en examen de Donald Trump, à plus d’un an et demi de la présidentielle de 2024 qu’il rêve de remporter, avait retenti samedi matin lorsqu’il avait affirmé sur sa plateforme Truth Social, en lettres majuscules, qu’il serait " arrêté " mardi.

Pourquoi? Citant des " fuites " de la justice de l’Etat de New York, il s’attend à être inculpé au pénal à l’issue d’une enquête de plusieurs années des procureurs du district de Manhattan, avec à leur tête depuis janvier 2022 le magistrat Alvin Bragg.

Mais le parquet new-yorkais a gardé le silence ces derniers jours et rien ne dit que l’éventuelle inculpation sera annoncée mardi.

En soutien, une trentaine de jeunes trumpistes se sont rassemblés dans le froid lundi soir devant le palais de justice de Manhattan. Avec davantage de journalistes et de policiers, qui ont disposé des barrières, tout comme devant la Trump Tower de la 5e Avenue.

La réplique des trumpistes

Une avocate de Donald Trump, Alina Habba, avait mis en garde dimanche sur CNN: " S’ils (les démocrates) choisissent de (l’inculper) pour une infraction qu’il n’a franchement même pas commise, cela va provoquer la pagaille ".

Sur des réseaux sociaux, des trumpistes anonymes promettent d’empêcher la mise en cause judiciaire de leur héros, notamment le groupe " The Donald " qui veut déclencher une " grève nationale " voire une " guerre civile 2.0 ", ont rapporté les médias Rolling Stone et Daily Beast.

Mais on est loin des appels à battre le pavé après la présidentielle de 2020 que Donald Trump considère toujours comme " volée " par Joe Biden.

L’homme d’affaires de 76 ans, qui avait fait voler en éclats l’équilibre des pouvoirs aux Etats-Unis, s’en est pris encore lundi aux services " corrompus " du procureur Bragg, un magistrat afro-américain, démocrate et élu – comme l’essentiel des juges et procureurs.

L’affaire de l’actrice pornographique Stormy Daniels est juridiquement complexe.

La justice new-yorkaise cherche à déterminer si Trump est coupable de fausses déclarations, une infraction, ou de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé 130.000 dollars à cette femme, de son vrai nom Stephanie Clifford, dans les semaines précédant l’élection de novembre 2016.

Dans quel but? Pour qu’elle taise une supposée relation extraconjugale du milliardaire dix ans plus tôt, selon l’accusation.

Un traitement présidentiel

" Il n’y a pas de délit ", s’est encore défendu lundi Donald Trump sur Truth Social.

L’enquête en tout cas s’est accélérée la semaine dernière.

Michael Cohen, ancien avocat et désormais ennemi de Trump, ayant payé Stormy Daniels en 2016, a témoigné la semaine dernière devant un grand jury, un panel de citoyens aux larges pouvoirs d’enquête et chargé d’entériner une mise en examen. L’actrice a, à tout le moins, coopéré avec les procureurs et ce même grand jury.

Donald Trump a aussi été invité à s’exprimer devant ce panel, selon la presse américaine, et un de ses avocats avait répondu qu’il se " rendrait " volontiers à une convocation de la justice new-yorkaise.

Selon l’ancien procureur Renato Mariotti, même en cas d’inculpation, il est probable que Donald Trump, qui habite à Palm Beach, en Floride, et où tout était calme lundi, se rende volontairement au tribunal de Manhattan.

Il y serait très symboliquement placé quelques instants en état d’arrestation, photographié, et ses empreintes digitales seraient relevées.

Il pourrait même éventuellement être menotté quelques minutes.

Mais pour éviter d’en faire un " spectacle ", le magnat de l’immobilier " n’arriverait probablement pas au tribunal (de Manhattan) par la porte de devant ", afin de fuir les caméras et pour des raisons de sécurité, selon Robert McDonald, professeur de droit pénal et ancien du Secret Service, l’agence qui protège les dignitaires américains.

La principale crainte des autorités serait une répétition du chaos de l’assaut du Capitole à Washington le 6 janvier 2021, lorsque Donald Trump, battu dans les urnes, avait appelé ses partisans à contester les résultats.

Dimanche, des caciques républicains ont prudemment défendu Trump, notamment son ancien vice-président Mike Pence.